Y a du Gaume Jazz dans l’air (7 au 9/08)
Un été chaud et aride…
Le site de Rossignol © Jean-Pierre Goffin
Foutu virus, fichue année… Se battre contre la vague de chaleur qui a submergé notre sommeil et contre les vagues & rebonds d’un ennemi qui se tient en embuscade… Les reporters de JazzMania ont néanmoins surmonté les dangers et la fatigue pour vous rapporter quelques (trop rares) reportages… Avec distanciations requises…
Petit lexique du Gaume Jazz alternatif.
Pas vraiment un compte-rendu, plutôt des impressions. Retour en arrière.
Soulagement : des mois qu’on attendait ça : retourner à un concert et le Gaume Jazz rebaptisé fait de la résistance. Rossignol va chanter pendant trois jours… Et ça fait du bien !
Solitude : pfff ! Arriver près de la petite église… et personne. Trois ou quatre voitures seulement, un gros coup de blues, un moment de doute, est-on vraiment à Rossignol ? Deux cents personnes sous le chapiteau ouvert, on retrouve le festival. Les premiers applaudissements réchauffent.
Rencontre : on retrouve quelques amis, des habitués, et ça rassure. Le Gaume Jazz, c’est aussi, des gens du coin qui vous reconnaissent d’une année à l’autre, comme des cousins d’une grande famille qu’on ne retrouve qu’une fois par an.
Poésie : Charlotte Bouriez, vous connaissiez ? Artiste-comédienne liégeoise associée à Eve Beuvens et Etienne Plumer pour que l’émotion des mots se marie à la finesse de la musique. Un court moment de doute et de questionnement, et puis on s’est régalé de cette union finalement très naturelle. Le genre de découverte dont le Gaume Jazz s’est fait une spécialité.
Rulles et Orval : les deux mamelles de la Gaume, indissociables du festival et seules boissons qui seront servies pendant trois jours dans de vrais verres.
Pianisme : deux grands pianos sur la scène, ce n’est pas chaque année et deux de nos (enfin, Amaury Faye est français, mais Bruxellois d’adoption) pianistes les plus magiques du moment. Et c’est vrai que ce fut magique ! On a été jusqu’à évoquer les duos de Mulgrew Miller à Marciac, c’est pas peu dire !
Pierre Vaiana © Jean-Pierre Goffin
Humour et émotion : « L’Âme des Poètes », une introduction mêlée d’humour et d’émotion lorsque Jean-Louis Rassinfosse dit avec un sérieux pincement au cœur que ce concert est sa première prestation scénique depuis le 12 mars. On pense alors à tous ces artistes dans la dèche depuis l’arrivée de cette sale bestiole masquée. Et « La Mamma » a tiré des sanglots dans le public… Emotion, je vous dis.
Zappa : l’univers inspiré par l’école de Canterbury de « The Wrong Object » fait mouche. Mingus n’est pas loin non plus dans la démarche proche du workshop en évolution. Une première pour Pauline Leblond, jeune trompettiste aussi à l’aise avec les stridences électriques de Michel Delville qu’avec les cordes de son double quartet, et pour Manu Hermia, plus habitué aux grands écarts stylistiques. Manu, le génial caméléon du jazz belge.
Moisson : casquette et look Highway 1 de la côte Ouest, du côté de Big Sur, c’est Guillaume Vierset. Avec « Harvest », le guitariste a semé ses graines jazzy mêlées au terreau grunge de Neil Young… Et la récolte est abondante, l’atmosphère se réchauffe. On est fasciné par la fusion des cordes de Marine Horbacweski et de Yannick Peeters, par les sonorités venues d’ailleurs de Mathieu Robert, la richesse du jeu de Yves Peeters. C’est le concert du festival… avant le dernier.
Découverte : quelques jours avant le festival, un échange de mails avec David Linx, je lui parle de cette chanteuse suédoise, Isabel Sörling, découverte sur le disque « Deep Rivers » de Paul Laye. Et la réponse fuse : « ma favorite ». Quelle voix, quelle présence – sa façon de vivre la musique n’est d’ailleurs pas sans faire penser à… David Linx… Chaque note, chaque inflexion de voix, chaque cri, chaque soupir, chaque frémissement est vécu comme si sa vie en dépendait. Et un « I Got Life » d’anthologie pour clore ce festival si particulier. Les spectateurs applaudissent à tout rompre, ils sont deux-cents, on les aurait dit mille, avec une qualité d’écoute saisissante.
Merci : à Jean-Pierre Bissot, à Julie et à toute l‘équipe du Gaume qui nous a procuré pendant trois jours le plus beau des remèdes à ce microbe. Le virus du jazz est sorti gagnant.
Jean-Pierre Goffin