Yann Joussein : Keep the Bastards Honest
Le disque s’ouvre sur une transe rythmique hypnotique, obsédante, obsédée, habitée. Un ostinato de synthé analogique plaqué sur une batterie qui répète sans fin le même motif. « You Can Do It » emprunte au phrasé publicitaire et managérial mais s’assène comme un mantra infernal qui s’étire sur un quart d’heure, ne laissant à l’auditeur aucun répit, combinant la précision d’un métronome et la force percussive d’une machine tambour. On est ici à la frontière entre le kraut et l’électro-jazz brut. C’est jubilatoire et irrésistiblement ensorcelant. Composé à l’aide d’une tampura indienne synthétique, « Free the Music » qui lui succède est tout aussi envoûtant. La batterie semble ne plus obéir à un pattern particulier, elle part dans tous les sens et poursuit sa course folle sur de longues minutes avant de céder sa place à des cliquetis métalliques qui évoquent le battement du cœur interne d’une usine de pièces détachées. « Why Do People Always Want More » clôt le disque en démarrant là où le morceau précédent s’estompe, sans blanc, sans interlude.
Pour l’heure, on ne connaît à vrai dire rien de ce Yann Youssein. Cela n’a finalement aucune importance. Il faut garder ce nom en mémoire, en mémo. L’écoute de son disque donne l’envie grave d’aller illico, loco, le voir et l’écouter sur scène. Il faut ! Il le faut !