Yates McKendree : Buchanan Lane

Yates McKendree : Buchanan Lane

Qualified Records

À Nashville, Tennessee, la scène musicale est décidément très contrastée, c’est le siège incontestable de la musique country blanche mais on y trouve aussi une scène de black gospel très importante et le blues y a aussi une place considérable avec, entre autres, la famille McKendree. Dans cette famille, on est multi-instrumentiste de père en fils : le père Kevin est au piano et aux claviers, mais aussi producteur et ingénieur du son dans son propre Rock House Studio ; quant au fils Yates, il a quasiment été élevé dans ce studio dès l’âge de trois ans et la musique lui est venue naturellement, il a commencé comme batteur puis il est passé à la basse, à la guitare, au piano, à l’orgue et il excelle en chacun d’eux. A 22 ans, son expérience professionnelle dépasse les dix ans, il chante, compose et continue à jouer (fort bien) de tous ces instruments, comme il le montre dans son premier album sous son nom qui porte le nom de la rue où il habite. C’est le guitariste qui est le plus mis en vedette mais pas que, ainsi c’est un instrumental jazzy : « Out Crowd » qui ouvre le bal. Yates est au piano (en virtuose) et son père à l’orgue Hammond, c’est un hommage à Ramsey Lewis et son « The In Crowd », un hit de 1965. Yates revient au piano pour « Wine Wine Wine ». Puis il y a de grands moments avec Yates au chant et guitare comme le bien balancé « Ruby Lee » de B.B. King (1956) avec son père au piano et des cuivres ; idem avec une composition des McKendree : « Wise », un slow blues à la B.B. King encore, où Yates est au chant, guitare, orgue Hammond, basse et drums ! Même formule dans une autre de leurs trois compositions : « No Justice » (…pas de justice dans ce monde…) ,un autre slow blues en duo avec le père au piano et personne d’autre. « Voodoo », leur troisième composition, conclut l’album, c’est un instrumental funky, à la Meters. Les autres reprises sont traitées avec imagination et abondent en fulgurants moments du duo père (piano)-fils (chant, guitare) avec soutien rythmique et cuivres comme le bien enlevé « Brand New Neighborhood » (Fletcher Smith), « Please Mr.Doctor » (Tampa Red), « Always a First Time » (Earl King), « Hurt To Love Someone » ( Eddie Gt Slim) , « Qualified » ( Dr. John) ou l’hommage à T-Bone Walker avec « Papa Ain’t Salty » et le jazzy « No Reason ». C’est un album majeur, passionnant de bout en bout, sans temps morts. Don’t miss it.

Robert Sacre