Yuri Honing Acoustic Quartet : Heaven on My Mind

Yuri Honing Acoustic Quartet : Heaven on My Mind

Challenge Records / New Arts International

Le saxophoniste néerlandais Yuri Honing a sorti son premier album en 1992, mais son œuvre la plus célébrée à ce jour reste « Seven » (2001) enregistré avec Paul Bley, Gary Peacock et Paul Motian. Depuis, Yuri a multiplié les styles (de l’électronique au classique) et les collaborations dans une série de projets souvent ambitieux. En 2012, il a fondé son Acoustic Quartet avec le pianiste Wolfert Brederode, le bassiste Ruben Samam (remplacé depuis par Gulli Gudmundsson) et le batteur Joost Lijbaart. « Heaven On My Mind » est son cinquième album dans cette configuration qui est édité, comme les autres, par Challenge Records. En comparaison avec ses œuvres précédentes plus turbulentes, toutes celles de l’Acoustic Quartet s’inscrivent plutôt dans une approche plus intimiste, épurée, voire méditative, et « Heaven on My Mind », dont le fil conducteur est cette fois une ode à la nature, ne déroge pas à cette nouvelle direction musicale.

Ainsi, le titre éponyme s’articule autour des notes éparses d’un piano contemplatif, le saxophoniste errant avec élégance dans une atmosphère pastorale. La ductilité de la rythmique est sans limite, allégeant la musique jusqu’à la rendre vaporeuse. Tout le monde se retient dans l’évocation d’un paysage sans relief mais envahi de couleurs pastel. On se croirait assis devant un tableau de Georges Seurat quand la réalité, estompée par la technique du pointillisme, se dilue dans un halo d’intemporalité. « Temple of Trees », « Avalon » et « Pond of Spirits » sont soumis au même traitement : la musique est comme tamisée, jouant la carte d’une nature assoupie, solidaire et bienveillante, alma mater d’une humanité en manque de bien-être émotionnel et spirituel. Dans sa simplicité visant une économie expressive en vue de tisser un lien subtil avec Dame Nature, « Heaven on My Mind » m’inspire un haiku décalqué du poète japonais Kobayashi Issa : « Les fleurs de prunier, la musique invite à les voler ! »

Pierre Dulieu