
Tutu Puoane – BJO, We Have A Dream
Tutu Puoane – Brussels Jazz Orchestra,
We have a dream
Ce “We Have A Dream” est le huitième album personnel de Tutu Puoane, depuis “Song” de 2007, et le troisième qu’elle enregistre avec le BJO, après son “Mama Africa” dédié à sa compatriote Miriam Makeba en 2010 et “Artists # With Refugees” de 2016. Il est vrai que la chanteuse d’origine sud-africaine trouve avec le BJO et sa large palette sonore (trompettes, bugles, trombones, trombone basse, saxophones, flûtes, clarinettes, clarinette basse, piano, guitare et rythmique) un véritable écrin pour sa voix pure, sensible et sensuelle à la fois : une voix immédiatement reconnaissable. A l’occasion du 50e anniversaire de la mort de Martin Luther King, est né ce projet de célébrer la défense des droits de l’homme et la lutte anti-ségrégation, au travers de protest songs mâtinés de blues et autres titres à connotation revendicative datant des années 1960-1970. On retrouve ainsi, au fil des 12 plages de l’album, des chansons de grands artistes noirs, de la légendaire Nina Simone (Four Women et Why ? The King of Love is Dead, texte écrit par son bassiste Gene Taylor) à Stevie Wonder (Heaven Help Us All), en passant par Marvin Gaye (Inner City Blues), Donny Hataway (Someday We’ll Allbe Free), Norman Whitfield (War), le Portoricain Joe Raposo (It’s Not Easy To Be Green) ou la chanteuse sud-africaine Letta Mbulu (Not Yet Uhuru, “pas encore libre”, la pièce la plus africanisante sur laquelle la voix de Tutu, doublée par des voix de chœur, dialogue avec la seule batterie). Mais aussi des chanteurs blancs engagés comme Sting (They Dance Alone, chanson dédiée aux mères chiliennes), Rod Stewart (The Killing of Georgie, dédié à la mort d’un gay) et Joni Mitchell (Big Yellow Taxi, Cherokee Louise), chanteuse à qui Tutu avait consacré un album l’an dernier (“The Joni Mitchell Project”). Pour ce projet, Frank Vaganée a fait appel à plusieurs arrangeurs complices : Michel Herr pour 3 titres, Bert Joris pour 3 autres mais aussi Lode Mertens, Gyuri Spies et l’Américain Alan Ferber. Quels que soient les compositeurs et les arrangeurs, l’album fait preuve d’une belle unité : la même passion d’un jazz ancré dans le blues et la tradition swing portée par le groove du BJO. Les arrangements, qui mettent parfaitement en valeur la voix ondoyante de Tutu Puoane, laissent aussi de beaux espaces aux solistes du BJO : bugle de Pierre Drevet (Why), piano de Nathalie Loriers (Big Yellow Taxi), baryton de Bo Van der Werf et alto de Frank Vaganée (They Dance Alone), trombone de Marc Godfroid (Four Women), alto de Dieter Limbourg (Cherokee Louise), trombone de Lode Mertens et ténor de Kurt Van Herck, alto de Vaganée (Someday We’ll Be All Free), contrebasse de Jos Machtiel (It’s Not Easy To Be Green), guitare d’Hendrik Braekman (Heaven Help Us All), ténor de Bart Defoort et batterie de Toni Vitacolonna (War). Un projet porté par un message social et politique : lutte anti-ségrégation, aspiration à l’égalité et à la liberté, acceptation des différences, message pacifiste. A noter, le soin apporté à la pochette, en ces temps souvent dévolus au minimalisme : liste précise des solistes et des instruments, très beau livret dont le texte détaillé a été confié à Gert Keunen, diplômé en sociologie de la culture et professeur d’histoire et sociologie de la musique au Conservatoire de Gand. Un projet ambitieux, soutenu par Amnesty International, et parfaitement abouti.
Claude Loxhay
Concerts
Après la première au De Singel d’Anvers le 23 février
2 mars, Bruxelles, Flagey
3 mars, Gand, Handelsbeurs
14 mars, Malines, Centre culturel
18 mars, Strombeek, Centre culturel
21 mars, Bruges, Centre culturel
2 mai, Louvain, Centre culturel