Le Sud Profond, suite…
Les nuits (parfois) fiévreuses
de Lafayette by night (capsule 4)
Robert Sacré est notre spécialiste des musiques afro-américaines. En effet, il y aura bientôt près de vingt ans que Robert signe des chroniques, des articles, des entretiens, mais aussi des récits de voyage pour Jazzaround. Robert aime aussi le terrain, Chicago, New Orleans etc. Il ne compte donc plus le nombre traversées de l’Atlantique : le Sud Profond des USA n’a presque plus de secrets pour lui. Au mois d’octobre dernier, Robert Sacré s’est une nouvelle fois rendu sur ces terres qui ont donné naissance au jazz, et, cette fois comme guide d’une vingtaine de touristes qu’il a pu initier avec passion. Les deux premières capsules de ce voyage peuvent être consultées ICI et ICI
Lafayette est une petite ville universitaire du Sud Ouest de la Louisiane (125.000 habitants, et bien plus quand les étudiants sont là), mais elle s’étend sur une vaste superficie (124 km²). Sans être trépidante (rien à voir avec “New Orleans” par exemple) la vie nocturne est bien présente, et c’est relatif selon les quartiers, le “quartier noir” est trépidant tout le temps. Quant à la “ville blanche”, la vie nocturne est posée en semaine, mais beaucoup plus animée les weekends, notamment grâce aux étudiants de l’Université de Louisiane. Dans le cœur historique, “downtown”, il y a des bars et des restaurants autour du Parc Sans Souci, parc qui est le siège, avec le centre ville, d’un Festival International de World Music au printemps. Il faut noter aussi la présence de ce superbe club-hôtel très achalandé qu’est le Blue Moon Saloon (Convent Street) à la programmation musciale fort éclectique : musique cajun, zydeco, blues, R&B, rap, jazz, country & western… C’est véritablement “the place to be” pour le Lafayette by night !
Le dimanche 11 octobre, les Lost Bayou Ramblers des Frères Michot étaient à l’affiche, vedettes de festivals et chantres d’un cajun plutôt R&B, vitaminé, musclé et festif. Bien entendu, c”était “sold out”. Serrés comme des petits pois dans une boite, il était difficile d’approcher la scène, ce qui ne nuisait pas à la convivialité qui y régnait. Les contacts avec les étudiant(e)s ravi(e)s de parler avec des Européens allaient nous le confirmer. Le vendredi suivant (16 octobre), le même lieu proposait une soirée Swamp blues avec des légendes vivantes du blues/zydeco comme Paul « Lil’ Buck » Senegal, ex-guitariste de Clifton Chenier, avec Lee Allen Zeno à la basse ( ex- Rockin’ Dopsee)… Le public était différent, plus noir et plus hip, dans une ambiance franchement déjantée avec forces libations !
Festival Acadien et Créole (day 2)
Samedi 10 octobre, le déséquilibre entre groupes cajun et orchestres zydeco était flagrant, au détriment de ces derniers : Rachel Wilson & Cajun Express, T-Salé et leur Tribute à Cyp et Adam Landreneau, Kevin Naquin & Ossun Playboys, Roddie Romero & The Hub City All Stars et Bonsoir Catin, sur la scène “Ma Louisiane”. Tous excellents dans leur domaine au demeurant, sans oublier un accordéoniste de grand talent, Horace Trahan & Ossun Express,qui sauvait l’honneur pour la musique créole.
La scène « Mon Heritage » verra défiler d’autres groupes cajuns comme Sheyl Cormier & Cajun Sound (une des rares femmes accordéonistes), mais aussi le très traditionnel ensemble à cordes des Magnolia Sisters (très country) avec Ann Savoy, les Pine Leaf Boys (un groupe jeune, moderne, expérimenté et très rentre-dedans, avec l’accordéoniste (et pianiste) Wilson Savoy) ou Feu Follet. Côté zydeco, les Tex-Mex de Reuben Marino & Zydeco Re-Evolution faisaient de leur mieux pour être au diapason.
Nous avons aussi eu le plaisir d’entendre Corey Ledet, une des valeurs sures du zydeco noir actuel. Même situation à la « Salle de danse » où sortait du lot la Savoy Family. Pour ceux qui aiment cela , la scène « Jam ça ! » accueillait quant à elle des jams avec des amateurs, plutôt nombreux et désireux de se mesurer aux professionnels. Pour les amateurs de musique créole le bilan était tout de même fort pauvre : Corey Ledet et Horace Trahan, voire Reuben Marino, trois groupes au compteur ! Enfin, comme pour le premier jour du festival, chaque scène comptait son lot de danseurs enthousiastes et le plus souvent infatigables.
Festival Acadien et Créole (day 3)
Dimanche 11 octobre, très gros effort côté musique créole avec le célèbre Chubby Carriere, un des rares «award-winning artist » de style zydeco. Il officiait sur la scène « Mon Heritage », suivi rapidement par Terry & the Zydeco Bad Boys, un jeune groupe qui mit le feu aux poutres, tandis qu’au même moment, à la « Salle de Danse », un autre grand format du zydeco, Keith Frank, déclenchait une émeute, sur un train d’enfer : à peu près toute l’assistance dansait comme en folie ! Il faut dire qu’il y avait du spectacle, Keith avait amené ses deux fils (10 et 12 ans), si le premier officiait à la batterie, l’autre chantait en s’accompagnant d’un mini-accordéon ! Quelle ambiance !
Et, ce n’était pas tout. Il y eut aussi le Dexter Ardoin Band sur la scène « Anniversaire « et les Dog Hill Stompers sur la scène “Ma Louisiane » : cinq groupes de zydeco, c’était Byzance. Ah ! Il y avait aussi du faux zydeco avec Travis Matte & The Zydeco Kingpins : un orchestre de “blancs”, pas mauvais du tout, mais tout de même un peu imposteur . Côté musique cajun, les bons moments n’ont pas manqué non plus avec sur la scène « Ma Louisiane », des accordéonistes comme Robert Jardell (il a joué longtemps avec Dewey Balfa ), Jo-El Sonnier et Wayne Toups , de grandes vedettes du genre, sans oublier, sur la scène « Mon Heritage » Steve Riley & Mamou Playboys ( Steve lui aussi à joué avec Dewey Balfa jusqu’à la mort de ce dernier), ainsi que les Lost Bayou Ramblers revus le soir même en live au Blue Moon Saloon. On mentionnera aussi du rock and roll cajun avec les Babineaux Sisters.