Jazz au Sud
En route vers le Sud et les festivals de juillet.
Trois monuments qui marquent l’histoire du jazz en France : « Jazz à Vienne », « Nice Jazz Festival » et « Jazz à Juan » présentent des affiches éclectiques, à l’image du jazz d’aujourd’hui. Un coup d’œil sur leurs programmations, histoire de ne pas bronzer idiot.
Jazz à Vienne ( du 28 juin au 15 juillet)
Dans la vallée du Rhône, à peu près là où on fait une étape (pour ceux qui prennent encore le temps), pourquoi pas s’arrêter deux ou trois jours dans une ville où tout le monde vit pour le jazz pendant deux belles semaines : caravanes, fanfares, expos, films, animations diverses… A Vienne, le Théâtre Antique est le nombril du festival : couplé à un Odéon qu’on ne peut visiter, le Théâtre datant du premier siècle PCN (n.d.l.r. PCN = après J.C. qui n’est pas John Coltrane) accueille depuis 1981 le Festival de Jazz qui a acquis une renommée internationale. Plus de deux cent mille spectateurs ! C’est aussi la première étape vers les festivals de la Côte d’Azur où on retrouvera parfois les mêmes têtes d’affiche; alors, autant préparer son programme si on compte séjourner plus loin à Nice ou Juan-les-Pins. Il faudra par exemple décider si on assistera aux concerts de Diana Krall, Hugh Coltman, Gregory Porter, Buddy Guy ici ou à Juan, de même avec le trio attendu de Scofield/Mehldau/Guiliana qui seront aussi à Nice, tout comme Ibrahim Maalouf. Alors, on se laissera tenter par John McLaughlin (le 7), Randy Weston (le 4), Esperanza Spalding (le 9), Chick Corea (le 11), Cecil McLorin Salvant le même soir que Seal (le 12) ou le phénomène Kamasi Washington (le 14). Pour ce dernier, on peut se mettre en forme en regardant sur youtube son époustouflant concert à Los Angeles.
Un coup de cœur ? Double, oui ! Et féminin ! Pour les avoir entendues à Juan-les-Pins, les concerts de Beth Hart et surtout Imelda May sont de véritables volcans en fusion, vous n’en sortirez pas intacts !(le 8). Le lendemain, après le feu, l’air, le souffle avec le charme de Yaël Naïm et l’époustouflante maîtrise vocale et instrumentale d’Esperanza Spalding. (le 9)
Nice Jazz Festival (du 16 au 20 juillet)
Armstrong, Django, Grappelli, Claude Luter… c’était l’affiche du Festival en 1948, le premier festival au monde, même avant les États-Unis, nous dit le site. Il faudra 23 ans pour que le jazz renaisse à Nice, mais c’est en 1974 que la « Grande Parade du Jazz » deviendra une appellation qui dépassera largement les frontières de l’Europe. Depuis 1994, le Festival, sous l’appellation « Nice Jazz Festival » s’aventure dans les courants musicaux d’aujourd’hui et le programme 2016 ne fait que confirmer cette tendance : Massive Attack, Robert Plant, James Hunter croisent Melody Gardot, Abdullah Ibrahim, Steps Ahead, Scofield/Mehldau/Guiliana, Yaron Herman, Avishai Cohen, le trompettiste, ou Géraldine Laurent ( cette dernière à ne pas rater si vous avez loupé son lumineux concert au festival « Jazz à Liège »). Une soirée complète autour de l’univers de la bande à Michael League, les Texans de Snarky Puppy, un univers chaud chaud chaud. L’Espace Massena et le Théâtre de Verdue se partagent les concerts non loin de la Promenade des Anglais et de la vieille ville où le festival « off » battra son plein. Coup de cœur ? Au risque de se répéter : la soirée « Snarky Puppy », une montée en puissance qui débute avec le concert de Becca Stevens ( elle a participé à l’album « Family Dinner Volume two »), suivi des « Funk Apostles » de Cory Henry, le fantastique organiste de « Snarky Puppy » qui vient de sortir « The Revival », un profond et moderne hommage au gospel; puis, le groupe révélation des Snarky Puppy : et si leur programme est celui de leur tout récent album « Cucha Vulcha », sûr que ça va chauffer au Théâtre de Verdure le 17 juillet.
Jazz à Juan (du 15 au 23 juillet)
Si Nice a bien le plus ancien festival de jazz en Europe et dans le monde, Juan-les-Pins a le plus ancien qui de façon continue depuis 1960 enflamme Antibes et puis Juan (bon, on rappellera tout de même que Comblain-la-Tour a connu sa première édition en 1959 et a vécu de façon continue jusqu’en 1966… avant de renaître en 2009). Le site est remarquable, face à la mer – on y a même entendu des musiciens dire qu’ils en oubliaient le public ! – dont le clapotis ne dérangeait même pas Keith Jarrett quand il s’y produisait. Comme à Nice, tous les grands du jazz y sont passés et l’ouverture aux musiques cousines y est aussi de plus en plus évidente. L’amateur de jazz ne manquera pas la soirée du 18 avec, excusez du peu, Archie Shepp, Charles Lloyd et Gregory Porter qui se succèdent à la Pinède Goult. Marcus Miller et Richard Bona partagent la scène le 21, Hugh Coltman et Diana Krall font de même le 20. Buddy Guy, Johnny Gallagher, « Earth Wind & Fire », Paolo Conte complètent une affiche où on sera curieux d’entendre Eddy Mitchell jouer au crooner avec un big band… Il y aura du boogie woogie avant les prières du soir ! Un coup de cœur ? Une petite pointe de chauvinisme : Selah Sue entre Richard Bona et Marcus Miller, faut avouer que ça devrait laisser des souvenirs ! Mais aussi une soirée « Best of du off » qui chaque année révèle de belles surprises.
Jean-Pierre Goffin