Beat Generation, Anthologie Musicale
Beat Generation – L’Anthologie Musicale
Hep Cats, Hipsters & Beatniks 1936-1962
La Beat Generation : une communauté d’intellectuels américains, écrivains et poètes surtout, qui s’est constituée après la seconde guerre mondiale, mais dont les prémices remontent aux années qui précédent le déclenchement de celle-ci. La “beat” a exercé une grande influence en Europe, et en France en particulier, après 1950. Ce mouvement littéraire américain récusait le racisme et célébrait l’esprit du jazz et du blues, la culture souterraine, celle des hepcats, hepsters, hipsters (soit les “connaisseurs” opposés aux squares), le mode de vie libre des musiciens noirs, la sexualité décomplexée en un temps où le puritanisme était la règle, leur insouciance, l’usage de drogues et la liberté de ton. Ce mouvement prit une ampleur grandissante à partir de la publication du livre On The Road (1957); de Jack Kerouac, dont le style spontané et direct se rapprochait de l’improvisation dans le jazz. Toute une jeunesse marginale s’enflamma pour ce style littéraire, on les appela des Beatniks et leur culture se propagea jusque dans les années 1970, avec comme porte-drapeaux, outre Kerouac, des écrivains comme William Burroughs et Allen Ginsberg, etc. La Beat Generation a profondément marqué la littérature et le cinéma, mais aussi la culture rock américaine (Bob Dylan, Velvet Underground, The Doors,…). A noter le jeu de mots sur Beat utilisé par Kerouac et les autres : Beat = battu (nous sommes une génération de battus, on a une revanche à prendre) et Beat = rythme, celui du jazz et du R&B.
Le premier disque de ce coffret est intitulé “Hepcats 1936-1948″, il fait la part belle aux pionniers du monde du jazz , les musiciens et les chanteurs qui utilisaient un argot spécifique, le jive, comme Cab Calloway (Hep Hep The Jumpin’ Jive), Austin Powell et ses Cats & The Fiddle dans Killin’ Jive , Jonah Jones le trompettiste et chanteur du band de Stuff Smith ( You’s A Viper), le guitariste Slim Gaillard ( Slim’s Jam, Popity Pop), le chanteur Babs Gonzales avec ses Three Bips And A Bop (Low Pop), etc. Le monde du R&B est bien représenté aussi avec Louis Jordan et son Tympany Five dans un trip planant (How High Am I ?) ou Helen Humes avec Bill Doggett dans Be-Baba-Leba, Julia Lee et ses Boy Friends dans Crazy World et le saxophoniste chanteur Wild Bill Moore dans son Rock And Roll de 1948.
Le deuxième disque, “Hipsters 1949-1969″, est consacré aux musiciens de jazz moderne, le be bop (Bud Powell, Miles Davis, Sarah Vaughan, Theolonius Monk,…) et le jazz cool (Gerry Mulligan, Stan Getz, Lee Konitz, , Zoot Sims et Chet Baker, le séducteur impénitent, trompette et chant, dans un très autobiographique I Fall In Love Too Easily….. On y trouve aussi Bo Diddley avec Lafayette Leake et Willie Dixon dans Say man, des American Haikus de Jack Kerouac avec Al Cohn (saxophone ténor) et une lecture d’Allen Ginsberg tiré de son Kaddish pt 1 (Chicago 1959).
Enfin, le troisième disque, Beatniks 1958-1962, se partage entre jazz, folk et lectures. Côté musique, on notera Bob McFadden & Door dans The Beat Generation, Lenny Bruce avec Psychopathia Sexuals, Bob Dylan et Talkin’ New York. Côté lectures, des textes de Kerouac (Jean-Louis Lebris de Kerouac dit Jack Kerouac) et d’Allen Ginsberg lus par leurs auteurs. Avec d’excellentes notes de pochettes de Bruno Blum. Il faut noter que la sortie de ce coffret coïncide avec l’exposition consacrée à ce mouvement, au Centre Georges Pompidou à Paris : Beat Generation- New York San Francisco Paris.
Robert Sacre