Nandi, Mylapore
Nandi, Mylapore
Pascal Lovergne – Suresh Vaidyanathan – Stefan Orins
Le trio Nandi est né de la rencontre entre deux Lillois, le bassiste Pascal Lovergne et le pianiste Stefan Orins, avec le percussionniste indien Ghatam Suresh Vaidyanathan, un héritier de la tradition carnatique et hindustani, spécialiste du ghatam, une cruche en terre qui ressemble à un udu mais dont la sonorité se rapproche davantage des tablas. Ghatam Suresh a joué avec Zakir Hussain (percussionniste que l’on a entendu, l’an dernier, au Middelheim, en compagnie de Pharoah Sanders et Joachim Kühn), avec U. Sivaraman, autre spécialiste des percussions indiennes ou avec l’Australian Art Orchestra. Sur l’album “Mylapore”, il joue aussi du kanjira, un tambour à cymbalettes et pratique le konnokol, cette technique vocale basée sur des syllabes rythmiques qui a beaucoup intéressé Lovergne, au point de l’enseigner à ses élèves. Diplômé du Conservatoire de Lille, Pascal Lovergne a opté pour la guitare basse acoustique et sa sonorité limpide. Il fait partie du Bortsch Orchestra et, passionné par l’Inde, a rencontré Ghatam Suresh à de nombreuses reprises. Le troisième larron du trio n’est autre que le pianiste Stefan Orins. Avec son trio, constitué de Christophe Hache à la contrebasse et de Peter Orins à la batterie, il a enregistré successivement “Natt Resa”, “Bonheur temporaire”, “Stöt” et “Liv”, un album chroniqué dernièrement. Le pianiste lillois est aussi un des membres du Grand Circum Orchestra, avec Julien Favreuille au saxophone et Aymeris Avice à la trompette. Enfin, auparavant, il a fait partie du groupe Impression (formation primée par Jazzaround), en compagnie du guitariste Olivier Benoît, qui dirige actuellement l’Orchestre National de Jazz. Avec lui, Stefan Orins a enregistré “Le bénéfice du doute” mais aussi “Encore remuants”. L’album “Mylapore” regroupe sept compositions originales collectives. L’album s’ouvre sur Eka Aneka, composition sur laquelle Suresh et Lovergne se livrent à une véritable joute de konnokol, sur fond de piano. Prélude To Durga Part 1 débute par une intro du piano, qui est bientôt rejoint par la guitare basse acoustique et le ghatam aux sonorités chatoyantes. Sur Prélude Part 2/ Durga, la guitare basse brode sa trame mélodique sur les figures répétitives du piano, avant un nouvel exercice de konnokol. Sur Ananda, Suresh passe au kanjira et Pascal Lovergne s’offre un beau solo. Paruppu Podi, repose sur un dialogue entre ghatam et guitare basse, un peu comme Mango Beans qui offre un large espace d’improvisation à Stefan Orins. Sur la dernière plage, Aboghi, Suresh psalmodie le thème sur la ligne de la guitare basse. Une rencontre Inde-Occident. Plus qu’un trio, un vrai triangle équilatéral.
Claude Loxhay