Machine Mass, Plays Hendrix
Machine Mass, Machine Mass Plays Hendrix
C’est au sein de son trio Machine Mass que Michel Delville a enregistré son neuvième album pour le compte du label de jazz rock progressif MoonJune. Outre le guitariste/professeur liégeois, on relève la présence de Tony Bianco, le batteur américain cofondateur du groupe, ainsi que d’Antoine Guenet (The Wrong Object, Univers Zéro, …) dont les claviers remplacent désormais le saxophone de Dave Liebman. Attention casse-gueule ! S’attaquer au répertoire de Jimi Hendrix (le meilleur guitariste de tous les temps et de tous les genres…) comporte des risques évidents pour la notoriété de ceux qui s’y risquent. Deux options s’offrent aux imprudents : soit respecter à la lettre les clauses techniques du cahier spécial des charges qui régit l’entreprise : auquel cas, le doigté du guitariste doit pouvoir assurer… A notre connaissance, seul le regretté Stevie Ray Vaughan l’a entrepris avec succès; soit (et il n’y a pas de honte à le faire) accéder au sommet de l’Everest par paliers, en empruntant les chemins non balisés qui serpentent la montagne.
Vous l’aurez deviné, du moins pour ce qui concerne une grosse majorité de l’album, c’est cette voie-là que le trio a choisi de suivre. Ou l’art de rendre un hommage abouti sans opter pour une attitude trop respectueuse. Ainsi, le thème original ne se retrouve pas nécessairement là où on l’attendait. Un refrain entêtant peut prendre la forme troublante de sonorités innovantes (Little Wing). Un gimmick d’Hendrix peut se métamorphoser en une suite de notes de piano électrique entêtantes (Third Stone From the Sun). Ailleurs, le groupe force l’admiration en s’engageant sur les longs chemins caillouteux de l’improvisation (le bien nommé You Got Me Floatin’ dans lequel l’âme d’Hendrix et l’esprit du jazz font bon ménage). Copier, c’est tricher ! Alors oui, dans ce cas, il faut admettre que les adaptations de Purple Haze et de Voodoo Child sont plus faibles. Mais elle constituent, en fin de compte, le contre-exemple parfait qui confirme la bonne tenue générale d’un album très recommandable !
Joseph « YT » Boulier