Sal La Rocca, Shifted
En plus de 30 ans de carrière, il en a fait du chemin, l’ami Sal : des clubs liégeois de ses débuts à cette tournée en Chine avec Phil Abraham. Il a multiplié les rencontres. Il a croisé la crème du jazz belge : Jacques Pelzer, Toots, Philip Catherine, Steve Houben (album “Blue Circunstances”), Peter Hertmans (“Ode For Joe”), Greg Houben (“Meets Pierrick Pedron”), Nathalie Loriers (“Silent Spring”), Manu Hermia (“L’esprit du val”) mais aussi des Français comme Michel Graillier, Didier Lockwood, Olivier Hutman ou la chanteuse Anne Ducros et des Américains : Steve Grossman, Leo Mitchell, Jon Eardley, Lee Konitz ou le Sun Ra Orchestra dirigé par le batteur Marshall Allen. S’il a gravé de nombreux albums comme sideman, en dehors de “Dani Sings Billie” enregistré avec la chanteuse de Vaya con Dios, il n’avait encore gravé que deux disques personnels : “Latinea”, avec deux guitaristes (Peter Hertmans et Jacques Pirotton) et “It Could Be The End” avec le saxophoniste guadeloupéen Jacques Schwarz Bart. Pour “Shifted”, il retrouve des vieux compagnons de route. D’abord, Jeroen Van Herzeele qu’il a croisé au sein de la première version de Mâäk Spirit avec Laurent Blondiau, avec Peter Hertmans (“Ode For Joe”), en remplacement de Schwarz Bart pour certains concerts en quintet et en trio avec le batteur Lieven Venken qu’il retrouve ici. Enfin, au piano et au Wurlitzer pour trois plages (Cache=Cash, Ragga, Last Kiss), Pascal Mohy déjà présent sur le précédent album et avec qui il avait gravé “Automne” en 2008. Enfin, sur deux plages, il invite Phil Abraham. Pour “Shifted”, Sal a rassemblé 5 nouvelles compositions personnelles, il a demandé à chacun de collaborer à l’écriture du répertoire (Waiting de Lieven, Psalm de Jeroen et Bicycle de Pascal), enfin, cerise sur le gâteau, il reprend Syndrome de Carla Bley dans une version particulièrement enlevée et avec un beau solo de contrebasse. Sur plusieurs thèmes, le quartet, galvanisé par la ligne robuste de contrebasse, le drive énergique de Lieven Venken et le ténor rageur aux accents déchirés de Jeroen, fait preuve d’un énergie très coltranienne (Shifted, Psalm ou Syndrome sur lequel Jeroen passe au soprano), tandis que Wise One, avec un beau solo de piano, navigue en eaux plus traditionnelles. “Shifted”, c’est aussi des ballades : Bicycle avec une intro ténor/piano ou ce Waiting plus intériorisé, avec une intro de ténor soulignée par l’archet. Avec le Wurlitzer et le trombone de Phil Abraham, la musique prend des allures de hard bop (Cache=Cash et Ragga avec un beau chase ténor/trombone). Sal La Rocca sait varier les climats. Lui qui cite volontiers Paul Chambers, Ray Brown ou Scott La Faro comme références, il a su saisir le meilleur de chacun pour en faire son propre miel. Témoignent de l’engouement des milieux jazz, 5 dates du JazzLab en Flandre le mois de novembre et 8 du côté francophone pour le JazzTour en janvier.