Julian Lage, Love Hurts
Julian Lage, Love Hurts
Le jeune guitariste Julian Lage a déjà un curriculum impressionnant ayant déjà joué avec John Zorn, Gary Burton et surtout Fred Hersch qui ne tarit pas d’éloges sur ce guitariste avec lequel il a enregistré en duo. Plus récemment, on a entendu Lage aux côtés de Nils Cline au « Mithra Jazz » à Liège. Cet album « Love Hurts » ne viendra que confirmer les qualités du guitariste. Avec des reprises des années soixante, le guitariste s’inspire peut-être de ce que Bill Frisell a fait souvent avec des morceaux de Bob Dylan, Marvin Gaye et bien d’autres. In Heaven qui ouvre l’album est une composition de Peter Ivers sur laquelle David Lynch a écrit des paroles pour son film « Eraserhead ». Love Hurts, une chanson des « Everly Brothers » reprise plus tard par Cher, ou Rod Stewart, est une superbe mélodie mise en évidence par la chaleur du son de la guitare de Julian Lage. Et l’album se ferme sur Crying de Roy Orbinson que Lage orne de sonorités plus électriques. Mais Julian Lage a aussi puisé son inspiration dans le répertoire jazz 60/70 : The Windup de l’album « Belonging » du quartet européen de Keith Jarrett avec Jan Garbarek, Jon Christensen et Palle Danielsson, est incontestablement la pièce-maîtresse de l’album, le guitariste s’inspirant du up-tempo de la version d’origine, y mettant le feu et la passion. Et comme pour évoquer les deux périodes « quartet » de Jarrett, Julian Lage reprend aussi un peu plus loin une pièce du quartet américain –Dewey Redman, Charlie Haden et Paul Motian – avec Encore A de l’album « Eyes of The Heart ». L’année mythique 1959 est aussi évoquée avec le titre-éponyme de l’album « Tomorrow is the Question » d’Ornette Coleman. Autre reprise à la lecture plus facile que l’originale, Trudging de Jimmy Giuffre. Enfin, un grand standard est raconté dans la tradition par Lage, I’m Getting Sentimental Over You. In Circles est la première composition de l’album attribuée au guitariste, il y en aura que deux mais deux perles. In Circles développe une jolie mélodie qui se désarticule en douceur au fur et à mesure des envolées du batteur Dave King, et Lullaby vient d’un enregistrement précédent en solo. Un album bien dans l’air du temps de la musique américaine nostalgique qui reprend les succès des sixties, ici avec un bonheur réel. Le trio sera en concert au « Leuven Jazz » le 20 mars et ce serait vraiment dommage de manquer ça !
Jean-Pierre Goffin