Boni-Dalbis, Selenites

Boni-Dalbis, Selenites

Raymond Boni – Gilles Dalbis,

Selenites – One Kenichi Dream

MAZETO SQUARE

En compagnie d’un batteur échappé du jazz, Gilles Dalbis, Raymond Boni nous livre une collaboration bien sentie avec sa guitare branchée sur des effets, loops, pédales créant une expression multiple en variant les effets sonores, en se mouvant avec une belle assurance rythmique sur les vagues des moulinets du batteur et une cohérence dans l’usage dosé et millimétré des différents types de sonorités électriques–électroniques. Un fameux jongleur. Dalbis joue l’essentiel en variant continuellement pulsations et balancements, laissant le clair de l’espace sonore aux métamorphoses du guitariste. Cette musique devrait attirer les amateurs de rock prog audacieux et de la mouvance post-rock. Boni ne peut s’empêcher aussi de faire vibrer l’air dans les anches libres de son harmonica avec une expressivité inspirée free vraiment emballante. Je dois dire que cette approche pédalière de la guitare n’est au départ pas ma tasse de thé, mais il faut avouer que le métier et l’inspiration de Boni et la spontanéité et la solidité rythmique de Dalbis dans ces excursions emmènent sûrement l’attention de l’auditeur dans les méandres de leur imagination. La gamme « psyché » de Selenite Blues et le phrasé impétueux oriental du guitariste font preuve d’originalité : du Boni assumé. On voudrait entendre une influence flamenca, je dirais plutôt un avatar destroy du sitar indien. Boni manie l’électricité avec une belle lisibilité jouant des sons électroniques qui se distinguent en deux voix simultanées et différentes via son ampli. C’est exécuté avec une belle précision et une solide maîtrise qui ferait rougir une armada de casse-pieds de la six cordes y compris des pointures internationales qui s’essaient au noise. Boni, tout poète qu’il est, est un maître du noise avec-de-la-dynamique et un superbe découpage du son qui confère à ses « divagations » une redoutable efficacité. La qualité de l’enregistrement rencontre parfaitement les intentions des deux artistes. On applaudit.

Jean-Michel Van Schouwburg