Ferruccio Spinetti & Giovanni Ceccarelli (feat. Chrystel Wautier) : More Morricone
Septembre 2019, soit près d’un an avant le décès d’Ennio Morricone ( le 6 juillet de cette année), le pianiste Giovanni Ceccarelli et le contrebassiste Ferruccio Spinetti se retrouvent en studio pour enregistrer un album-hommage au célèbre compositeur italien. Giovanni Ceccarelli a étudié, entre autres, avec Enrico Pieranunzi, Rita Marcotuli ou Franco D’Andrea, la crème des crèmes du piano italien. Benny Golson, Lee Konitz, Enrico Rava, Paolo Fresu, Rosario Giuliani, … la liste exhaustive de ses collaborations est trop longue pour être énoncée ici. Pianiste très apprécié des vocalistes, il a aussi accompagné Mark Murphy, Maria Pia De Vito, David Linx, Camille Berteault, Nancy King, … A ses côtés, le contrebassiste Ferruccio Spietti est surtout connu pour le duo « Musica Nuda » avec Petra Magoni. On le rencontre aussi avec Giovanni Ceccarelli dans le groupe « InventaRio », notamment sur « InventaRio Meets Ivan Lins », un album nominé aux Latin Grammy Awards. Ces deux-là se connaissent et se trouvent comme larrons en foire. C’est encore le cas sur cet album. Quinze pièces dont certaines très connues, reprises de films qui le sont tout autant, et aussi de petites merveilles comme l’enchaînement de « My Heart And I » ( avec la belle voix de Chrystel Wautier) et « Ricatto », de la série TV « La Pieuvre ». Chrystel Wautier, nous la retrouvons sur cinq pièces, notamment en ouverture sur « I Figli Morti » où elle révèle un talent de …siffleuse. Particulièrement touchant est « Un Ami » (du film « La Poursuite Implacable ») que Chrystel Wautier chante en français. Une mélodie faisant penser à un autre compositeur pour le cinéma, Michel Legrand. Outre l’apport de la voix, les variations instrumentales du duo colorent la plupart des morceaux de sonorités variées : piano acoustique, Fender Rhodes, clavietta, synthés pour Ceccarelli, contrebasse acoustique ou basse électrique, mais aussi guitare acoustique et bouzouki pour Spinetti, qui expose en solo un superbe « Metello », répondant au solo du pianiste sur un émouvant « Atame », film d’Almodovar. Quand le matériel de départ est déjà superlatif, un tel projet peut paraître au premier abord piégeux pour ses protagonistes. Il n’en est absolument rien ici : le duo – le trio même pour les tendres apparitions de Chrystel Wautier – nous offre un disque d’une beauté ensorcelante où les mélodies de Morricone sont transcendées dans chaque version. Magnifique !
Jean-Pierre Goffin