Toine Thys Overseas (feat. Ihab Radwan) : Tamam Morning

Toine Thys Overseas (feat. Ihab Radwan) : Tamam Morning

Igloo

Toine Thys aime provoquer les rencontres, mêler les cultures. Il a ainsi croisé le Hollandais Arno Krijger (album « Grizzly »), l’Américain Sam Yahel et le Sénégalais Hervé Samb (« The Optimist »), les Français Maxime Sanchez et Florent Nisse (« Orlando ») et nombre de musiciens du Burkina Faso, comme le joueur de balafon Zouratié Kone. Le Cercle des Voyageurs fut un cadre idéal dans cette optique, c’est là qu’il rencontra l’oudiste Ihab Radwan : « J’avais entendu parler de lui. J’ai eu une série de concerts tous les mois à Bruxelles, au Cercle des Voyageurs. J’avais une carte blanche et j’ai invité des musiciens de différents pays, notamment Ihab Radwan. J’ai trouvé le musicien fantastique, très aventureux et, en outre, quelqu’un de vraiment charmant. C’est un vrai plaisir de travailler avec lui. » (interview JazzMania, novembre 2018). Ce sera l’occasion de constituer plusieurs équipes d’Overseas : une première avec Michel Massot au tuba, une deuxième avec Pascal Rousseau au tuba et le Turc Emre Gültekin au saz, une troisième avec Annemie Osborne au violoncelle.

Toine Thys © Robert Hansenne

Voici que le projet se finalise avec l’album « Tamam Morning » et une formation à dimension internationale. A l’oud, Ihab Radwan, originaire d’Egypte, au violoncelle, la Luxembourgeoise Annemie Osborne, au piano, le Hollandais Harmen Fraanje et aux multiples percussions le Brésilien Ze Luis Nascimento. Petit focus sur chacun d’eux. Diplômé du Conservatoire du Caire, Ihab Radwan s’installe en France, après un début de carrière entamée en Egypte. Il rencontre le tubiste Michel Godard, avec lequel il enregistre le très bel album « Doux désirs » (label Dodicilune) et multiplie actuellement les concerts avec le Grand Eustache, grande formation suisse fondée par le tromboniste Jean-François Bovard. Il croise aussi Anne Paceo (dm), la chanteuse brésilienne Monica Passos, Youssou N’Dour et participe au projet Mozart l’Egyptien, avec Hughes de Courson. Annemie Osborne a commencé ses études au Conservatoire de Luxembourg puis les a poursuivies à Leeds et au Conservatoire de Bruxelles. Elle s’intéresse au jazz avec André Klenes et suit des cours d’improvisation avec Kris Defoort. Elle participe au trio Oak Tree avec Sarah Klenes (album « A dos d’âmes »), à celui de Mathilde Renault (« Cameleon Boat ») et enregistre avec la chanteuse coréenne Jihye Lee (« Goblin Bee »). Harmen Fraanje est un des pianistes hollandais actuels les plus sollicités. Il a fait partie du groupe Narcissus avec Robin Verheyen en 2005, d’un trio avec le violoncelliste Ernst Reijseger (« We Were There »), d’un quartet avec Magic Malik, d’un duo avec le guitariste Anton Goudsmit et a croisé Michael Moore comme Eric Vloeimans. Originaire de Salvador de Bahia, Ze Luis Nascimento a fait partie du ballet folklorique de Bahia. Il arrive en France en 1996 et multiplie les rencontres et les enregistrements, avec Jean-Luc Ponty (vl), Al Di Meola (g), Jacques Morelenbaum (cello), la chanteuse Marcia Maria (album « Compositor ») ou Cesaria Evora (« Voz d’amor »), toujours avec un matériel impressionnant.

Au répertoire de « Tamam Morning », rien que des compositions originales. Outre la suite en 3 mouvements « Istambul Kidz », cinq compositions de Toine et trois d’Ihab (« Seven Angels », « Longa Nekriz », « Tamam Morning »). Overseas repose sur un réseau d’interactions constantes et inventives, d’abord entre l’oud à la sonorité cristalline et soit le soprano voltigeur de Toine (« Memory of Trees », « Bosphorus », « Tarlabasi », « Cross My Border », « Longa Nekriz »), soit la clarinette basse à la sonorité grave et majestueuse (« Sufi », « Hollywood Catacombs », « Giacomo Casanova », « Tamam Morning ») ou un ténor charmeur (« Seven Angels », « Circling »). Ensuite entre l’oud très mélodique et le violoncelle, qu’il soit joué à l’archet (« Hollywood Catacombs » ou « Giacomo Casanova ») ou en pizzicato (« Bosphorus » ou « Cross My Border »), les deux parfois accompagnés par la voix de l’un ou de l’autre (« Seven Angels »). A ces interactions multiples, vient se joindre le piano mélodique d’Harmen Fraanje, en dialogue avec le cello (« Memory of Trees ») ou avec l’oud (« Cross My Border »), le tout au sein de l’écrin percussif coloré mais jamais envahissant crée par la multitude des instruments de Ze Luis Nascimento, des clochettes jusqu’aux tambours sur cadre. Chacun est par ailleurs mis en valeur par de brillants solos : oud (« Memory of Trees » ou « Cross My Border »), soprano qui emballe le tempo (« Tarlabasi »).

Un brassage de cultures parfaitement abouti avec un parfum oriental, une ode à la diversité, portée par un vraie joie de jouer. Il suffit, en concert, de voir le sourire radieux d’Ihab en complicité totale avec Toine Thys. Une longue tournée est prévue en mars, de Paris à Munich et Luxembourg, en passant par la Flandre comme la Wallonie ou Bruxelles.

Retrouvez Toine Thys en interview sur le site de JazzMania ce mercredi 17 février !

Claude Loxhay