Grand Sbam : Furvent
Le disque s’ouvre sur une longue pièce de près d’une vingtaine de minutes qui apparaît assez vite comme une épopée, tant sonore que linguistique. Et de se demander fissa en quelle langue chante la chanteuse ? En breton ? En gaélique ? En bulgare ? Mystère. Ou serait-ce peut-être en kobaïen ? Au fur et à mesure que progresse l’écoute, on se risque à cette hypothèse tant la parenté avec Magma s’avère patente. Mais c’est finalement pour mieux l’abandonner car Grand Sbam s’exprime dans sa propre langue et s’énonce dans un logos musical qui n’appartient à personne d’autre. Ce curieux octet français recourt à la fois à des instruments traditionnels (cymbalum, piano, marimba, gong…) et électriques (Moog, Rhodes, mellotron, basse…). Les onze compositions font référence à ce qui tient ontologiquement à la nature : la terre, l’eau, la montagne, le tonnerre, le feu, le vent… des éléments qui sont chacun célébré dans un style trépidant, très travaillé et bigarré rythmiquement. On songe parfois à une forme de post rock progressif (dans ce qu’il a de moins ésotérique), aux musiques de l’Europe de l’Est ou parfois à une kermesse en déroute. Il n’est pas innocent de relever que le disque a été inspiré par l’écrivain Alain Damasio qui, récemment encore, s’exprimait sur la dystopie politique qui nous guette en ces temps d’hygiénisme étatique. Tout comme lui, Grand Sbam revendique une physicalité de l’expression, un toucher sensoriel et un bas les masques salutaire.
Eric Therer