Mikael Godée – Eve Beuvens Quartet
Mikael Godée – Eve Beuvens Quartet
MEQ (autoproduction)
Il y a des musiciens qui sont faits tout naturellement pour se rencontrer : le saxophoniste suédois Mikael Godée et Eve Beuvens, la pianiste d’origine brognoise (mais installée à Bruxelles depuis un certain temps) se sont connus par l’intermédiaire de Myspace. Entre le talent de l’un et celui de l’autre, il y a une évidence certaine : le répertoire de l’album est entièrement original, mais qu’on passe des cinq compositions du sopraniste (né en 1957) aux quatre de notre compatriote (née en 1978), on ne sent pas de rupture, tant leur lyrisme mélodique et leur sens du rythme sont complémentaires. On avait dernièrement entendu Eve Beuvens, en quartet, avec le saxophoniste Cesarius Gadzina (album “Light In Sight”) et, au sein des Sidewinders, aux côtés du saxophoniste Thomas Champagne et du trompettiste Michel Paré, dans un répertoire hard bop, allant de Lee Morgan à Freddie Hubbard et où la Bruxelloise plaquait des accords à la Bobby Timmons (album “A Little Busy”). Ici, elle retrouve le lyrisme mélodique de ses compositions de “Noordzee” (Igloo Records), son album trio et quartet (avec Joachim Badenhorst à la clarinette) auquel elle reprend notamment le thème 44. Pour sa part, Mikael Godée est, depuis de nombreuses années, le leader du quintet Corpo, avec piano (Lars-Erik Norrström), contrebasse, batterie et percussions. Sa sonorité fluide s’accorde parfaitement au doigté limpide d’Eve, un peu comme ce fut le cas lors de la rencontre entre le Suédois Jonas Knutson (saxophone soprano) et la Belge Mathilde Renault pour l’album “Luana”. Si les deux comparses peuvent se produire en duo, ils sont ici accompagnés par une rythmique sans faille constituée du contrebassiste Magnus Bergström (beau solo sur Duty) et du batteur Johan Birgenius. L’album s’ouvre sur Dokker, une ballade dont l’humeur vagabonde évoque le lyrisme naturel de Michel Herr. Le répertoire se poursuit dans la sérénité avec deux autres compositions de Mikael Godée (Duty et En Lang Fredag). Sur 44, avec son intro entre soprano et batterie, suivie de la contrebasse et du piano, le rythme s’accélère comme sur les dernières compositions de la Bruxelloise (Snow, Wind and Wings, Silly Sally). Sur Soli du Suédois, c’est le piano qui introduit le morceau, en dialogue avec le soprano, dans un intimisme complice et l’on retrouve la même grande fluidité mélodique sur Nous N’irons Plus Au Bois d’Eve : un bien bel album qui vous berce dans une quiétude sereine. Enregistré au Studio Helikopter de Göteborg, cet album est une autoproduction que l’on peut acquérir en s’adressant directement à Eve Beuvens (evebeuvens@hotmail.com). Le quartet s’était produit au Leuven Jazz Festival, voici quelques mois, il passera au Hot Club de Gand le 28 janvier prochain, le 29 au Rataplan d’Anvers et le 2 février 2014 à Luxembourg: il n’y a plus à espérer que la formation puisse proposer une autre tournée à Bruxelles et en Wallonie !
Claude Loxhay