Jon Batiste : We Are
Pour qu’il puisse assurer toutes ses fonctions, le rythme des journées de Jonathan « Jon » Batiste doit connaître des vitesses vertigineuses. La télévision (il est directeur musical pour l’émission « The Late Show with Stephen Colbert »), ses rôles d’acteur pour le grand («Red Hook Summer » de Spike Lee) et le petit écran (la série « Trémé » qui évoque sa propre vie), son rôle de directeur créatif pour le National Jazz Museum de Harlem, son job de responsable musical pour le mensuel culturel The Atlantic, toutes ces activités auxquelles il faut encore ajouter son implication pour le mouvement Black Lives Matter ou son soutien à la candidature de Joe Biden, … N’en jetez plus! Ou plutôt si : ajoutez que Jon Batiste est aussi un compositeur / musicien complet et doué. Celui que l’on considère aujourd’hui comme le « Prince couronné du jazz » est doté d’une voix au registre impressionnant, ce qui ne l’empêche pas à l’occasion d’enregistrer un album en piano solo (« Hollywood Africans »). A peine auréolé d’un Golden Globe pour la composition de la musique du film d’animation « Soul » (un film Pixar réalisé par Pete Docter), notre nouvelle superstar nous offre ce revendicatif « We Are », dont les treize titres sont « imagineered, rearranged, performed and manifested by Jon Batiste »… C’est peu dire que ce projet, il l’a porté à bout de bras, avec une motivation décuplée… Un album qui, derrière son côté festif, dansant et énergique, ne cache surtout pas le message que l’on ne voudrait pas entendre : la défense des valeurs afro-américaines. Dès les premières paroles de la plage titulaire, Jon Batiste prévient : « The ghetto is full of stars… ». Derrière ce message, il y a aussi l’espoir, la beauté… A l’énumération des artistes avec lesquels il a collaboré par le passé, vous aurez une idée plus précise des trésors que ce « We Are » contient : Prince (une évidence), Lenny Kravitz, Ed Sheeran, Quincy Jones (qui préface longuement ce disque dans les notes de pochette), Stevie Wonder, … « We Are », c’est la preuve que sur leur face black, les States disposent d’une culture foisonnante et d’un héritage artistique inépuisable. « We Are » en est la photographie musicale : jazz, hip-hop, soul ou funk… Avec un même bonheur !
Yves «JB» Tassin