Jacques Stotzem : Handmade
Acoustic Music Records ‐ Références catalogue : 319.1617.2
A l’instar de « Slow Motion », le premier titre de ce nouvel album, Jacques Stotzem vient de passer une année sortant (désagréablement) de l’ordinaire avec la pandémie de Covid 19 et le confinement qui s’en est suivi. Source pour lui d’une vie au ralenti, sans tournées, sans concerts, hormis le streaming au début. Il a utilisé tout ce temps de loisirs forcés à réfléchir, à énormément jouer de la guitare, ce qui a constitué une forme de thérapie contre la morosité ambiante, voire le découragement. Il a pu ainsi composer, sans stress ni pression, à son rythme et en artisan, de nouveaux morceaux «faits-main», des ballades qui toutes, sont marquées du sceau de cette situation que personne n’aurait imaginée avant 2020. Avec « Looking Back », Jacques Stotzem a pris le temps de regarder dans le rétroviseur pour évaluer le chemin parcouru et avec « Les beaux jours », il s’est complu à se souvenir de bons moments d’«avant le confinement». Le crépuscule l’a aussi inspiré : « Daylight Fades » évoque avec nostalgie ces fins de journées apaisantes, mais qui n’ont pas apporté la bonne nouvelle (soit que concerts et tournées allaient reprendre). Mais Jacques Stotzem est optimiste à tout crin et il sait que tout cela reprendra un jour, ce que suggère « Une belle nuit d’été »… Et on en a connues quelques unes en mars et en avril. Elles ont été synonymes de balades dans la nature et elles ont redonné l’espoir bien nécessaire en ces temps difficiles, ce qui s’est traduit par « Lueur d’espoir ». Il va sans dire que rythmes et mélodies de tous ces morceaux sont au diapason des sujets traités et que l’optimisme reprend toujours le dessus. Quoi qu’il en soit, avec un morceau comme « Facing a New World », J. Stotzem est prêt à affronter le monde nouveau qui s’offrira à nous après cette funeste pandémie. Mais le guitariste verviétois est aussi retourné à ses racines, vers les musiciens qui ont éveillé sa vocation de guitariste de fingerpicking et en particulier vers des bluesmen – mais aussi des musiciens blancs de country music – qui avaient transposé le style de piano ragtime à la guitare, composant des rags assortis de fingerpicking. Il s’est tourné vers de vieux bluesmen comme Big Bill Broonzy auquel il rend hommage avec « Big Deal » sur un rythme soutenu. Il a voulu aussi, payer son tribut à Skip James, un guitariste tourmenté au style original, parfois heurté, peu soucieux des 12 mesures du blues traditionnel. Et il nous régale d’un « Blues Print » en 2 parties à l’instar de James, lente au début, plus rapide ensuite. Dans ses années d’apprentissage il avait aussi découvert, grâce à Stefan Grossman, que le style de piano ragtime avait évolué vers le piano stride qui avait la faveur de pianistes de jazz des années 20 et suivantes, comme Fats Waller qu’il évoque dans « Pick Me Up ». Bref on est bien en présence d’un album témoin du vécu d’un musicien en manque de concerts et de tournées, qui ronge son frein mais avec optimisme, convaincu de voir bientôt la sortie du tunnel.
Retrouvez Jacques Stotzem en interview dans JazzMania ce mercredi 12 mai.