Tim Berne, Chris Speed, Reid Anderson & Dave King : Broken Shadows

Tim Berne, Chris Speed, Reid Anderson & Dave King : Broken Shadows

Intakt

Voici un vibrant hommage à Ornette Coleman, « Broken Shadows » étant l’un de ses titres. Un hommage rendu par deux saxophonistes de premier plan. A l’alto, Tim Berne, à la discographie abondante, dont on va isoler quelques albums : « Theoretically », en duo avec Bill Frisell, qui a servi de musique pour la pièce « Rimbe », « Une Saison en enfer », avec Patrick Bebi, « Spirit Image » avec Dewey Redman ou « Science Friction » (jeu de mots à propos de l’album « Science Fiction » d’Ornette Coleman). Au ténor, Chris Speed, qui a fait partie du Blood Count de Tim Berne, ils jouent ensemble depuis 1992. Il a aussi enregistré avec le pianiste russe Simon Nabatov (« Plain ») et a fondé un trio avec Dave King, le batteur du présent quartet. A la basse, Reid Anderson, un fidèle du pianiste Ethan Iverson, qui a fait partie de The Bad Plus, comme Dave King (album « Made Possible »), qui a enregistré aussi avec Bill Carrothers et Craig Taborn.

Au répertoire, huit compositions d’Ornette, de « Street Woman » à « Una muy bonita », mais aussi « Comme il faut », gravé avec Dewey Redman et Don Cherry (album « Crisis »). Pour le reste, des compositions de deux complices d’Ornette : « Walls Bridges » de Dewey Redman, qui a été enregistré avec le ténor sur l’album « Science Fiction », mais aussi « Song for Che », un des grands thèmes de Charlie Haden composé pour le Liberation Music Orchestra et que Ornette a gravé avec Dewey et Charlie sur l’album « Crisis ». Enfin, deux compositions, d’un héritier, Julius Hemphill, soit « Body » et le très  lyrique « Dogon A.D. » aux résonances africaines. Un fameux chassé entre alto et ténor, l’un tissant le thème que l’autre détricote fiévreusement, galvanisé par la rythmique, mais parfois avec une belle unisson initiale (« Dogon A.D. »). Une explosion de free jazz vouée autant à l’improvisation qu’à la sublimation des thèmes. Voici un sublime album entre contemporanéité et souvenir d’un passé proche et toujours vivace.

Claude Loxhay