Kali Trio : Loom
Ronin Rhythm Records / New Arts International
Lorsque l’on aborde un disque comme celui-ci « à l’aveugle » (« au sourd » devrions-nous dire dans ce cas…), on tente tout d’abord de distinguer les instruments et les musiciens. Et c’est pas toujours facile, vous pouvez me croire. La batterie : ok. Nicolas Stocker possède un jeu complexe, il est imperturbable dans les rythmes les plus incongrus. Si, malgré la complexité du tempo, la musique du Kali Trio donne une impression de fluidité, elle le doit à la répétition et à l’ajout discret de motifs. Le piano ensuite… Raphael Loher sur le tabouret. Et ici aussi, rien de simple. Un piano « préparé », avec des notes étouffées, ce qui ajoute encore un peu plus de complexité aux rythmes. La guitare enfin, électrique. On la doit à Urs Müller. Un jeu original, sans accords, sans arpèges. Des nappes, des sons, des atmosphères… Quant à mon tout ? Ces trois-là s’entendent à merveille pour « tisser » (il faut insister ici sur ce terme) un programme d’une évidence étonnante, malgré la complexité du propos. Pour atteindre l’état d’hypnose, le trio mise sur la patience : quatre titres seulement, à une exception près, tous au-delà des dix minutes. Et ça marche ! On suit avec attention et bien volontiers le chemin que le Kali Trio trace au fur et à mesure sous nos pas. On apprend par ailleurs que ces quatre titres ont fait l’objet de mûres réflexions et d’une longue mise en gestation (trois ans). Et on ne s’en étonne pas. Cap sur l’origine du trio. On s’en doutait, cela se confirme : la Suisse ! Enfin, à l’écoute de ces développements mathématiques et de ces pièces aux mélodies minimalistes et captivantes, on ne s’étonne évidemment pas de découvrir le nom du producteur exécutif : Nik Bärtsch. La boucle est bouclée, en beauté !