Gabriele Mirabassi, Nando Di Modugno & Pierluigi Balducci : Tabacco e caffè
Gabriele Mirabassi a étudié la clarinette à Pérouse, sa ville natale. Doté d’une technique sans faille et d’une sonorité limpide, il a pu aussi bien s’affirmer au niveau de la musique classique que contemporaine, du jazz comme des musiques du monde (notamment avec les guitaristes brésiliens Guinga et Sergio Assad). Membre du groupe de Rabih Abou Khalil (album « Morton’s Feet »), il a aussi été un des fers de lance du label EGEA, un des rares labels à avoir eu une véritable identité musicale, mais aussi esthétique au niveau des pochettes. Il a pu ainsi croiser Richard Galliano (album « Coloriage »), le pianiste Stefano Battaglia (« Fiabe »), l’accordéoniste Gianni Coscia (« Come una volta »), Enrico Pieranunzi (« Racconti mediterranei »), Pietro Tonolo (« Luna park »), Luciano Biondini et Michel Godard (« Lo stortino »), mais aussi Kenny Wheeler et John Taylor (« Moon ») et John Taylor avec Steve Swallow (« New Old Age »). Mirabassi incarne parfaitement l'”italianité” du jazz qu’évoquait Pino Minafra lors d’une interview accordée à Jazz in Time : « un inconscient collectif qui crée une réelle osmose entre le cinéma de Fellini, la musique de Nino Rota, l’opéra, les danses traditionnelles comme la tarentelle ».
Ce « Tabacco e Caffè » s’inscrit parfaitement dans cette lignée : « Some may call them vices, but most of all they are ways to spend time together. Simply put, it’s what Italy’s national culture is founded on. » (texte de pochette). Dans son parti pris de musique acoustique, il est ici accompagné par la guitare classique de Nando di Modugno et la guitare basse acoustique de Pierluigi Balducci. Le premier peut passer de Haydn à des duos soit avec Mirabassi, soit avec l’accordéoniste F. Ceccarelli. Le second a enregistré « Amori sospesi » avec Mirabassi, Evansiana avec Paul Mc Candless, « Blue From Heaven » avec John Taylor et Nueve Tango Ensemble avec Javier Girotto. Il y a une réelle interactivité entre les trois musiciens. Ainsi plusieurs thèmes sont introduits par la guitare (« Party in Olinda », « Salgado »), d’autres sont axés sur la guitare basse acoustique (« Two for the Road »). Tout au long des neuf compositions originales, mélodies enjouées et sautillantes (« Espinha de truta », «Tobacco e caffè ») alternent avec des ballades aux accents mélancoliques (« Salgado », « La ballata dei giorni piovosi »), mais toujours avec cette même sonorité fluide et envoûtante de la clarinette. Un vrai bijou.