Abécédaire gaumais… « Give me a « A », … »
Aka Moon : pas d’hésitation, c’est LE concert du festival ! Les trois Akalunaires + Joao Barradas, Fabian Fiorini et Freddy Massamba pour l’Opus 111, un album lumineux et un concert hallucinant, virtuose, joyeux, emballant. Un concert de plus de deux heures où aucun spectateur d’un chapiteau bondé n’a quitté son siège avant la fin !
Bretelles (d’accordéons) : Stan Maris, coloriste discret de la création de Mathieu Robert, Joao Barradas et son étonnant accordéon synthé (nombreux étaient ceux qui au début du concert se demandaient où était le Fender !), Tuur Florizoone en solo dans l’église, Vincent Peirani dans un duo à couper le souffle avec Emile Parisien.
Créations : c’est la marque de fabrique du festival. Enumérer celles qui ont accouché d’un enregistrement studio serait trop long. On attend avec impatience celui de Margaux Vranken avec son quartet européen augmenté des voix de Marylène Corro et Stace Claire, et du quatuor à cordes « Another String Quartet ». L’envoûtante carte blanche de Mathieu Robert, musique minimaliste teintée des effets de percussions de Nicolas Chkifi, mérite un développement plus approfondi tant l’intention est originale.
Duo : Emile Parisien et Vincent Peirani, éblouissants de bout en bout, fluides au point d’en oublier la virtuosité que la musique d’« Abrazo » exige. Piazzolla, Gubitsch, mais aussi Jelly Roll Morton et Kate Bush, un grand écart musical qui semble tellement évident… la toute grande classe !
Enfants : comme ces dizaines de « P’tits Gaumais du Jazz », le moment famille du festival, où des petits « coachés » par Margaux Vranken grimpent sur scène sous le regard émerveillé des parents. C’est ça les « Jeunesses Musicales » et le Gaume Jazz défend ce projet depuis des années.
Florizoone : Tuur et son album de confinement dans la petite église, le ravissement total.
Guembri, l’instrument principal de Majid Bekkas pour un grand écart géographique entre le Nord marocoan et le Grand Nord scandinave : une rencontre parfaitement maîtrisée et réussie où les sonorités du Fender de Jesper Nordenström se fondaient dans la beauté du chant gwana. En clôture de festival, ce lumineux concert laisse augurer de nouvelles créations qui donneront suite à l’album paru chez ACT.
Hülsmann : elles n’oublieront pas de sitôt ce concert ! L’Islandaise Sunna Gunnlaugs et l’Allemande Julia Hülsmann ont gagné leur combat contre la pluie battante, comme mille percussionnistes qui battaient la toile du chapiteau. Une vraie découverte que ce duo où éléments de musique traditionnelle se mêlent à la tradition du jazz : on y entendait à la fois Bill Evans, Chick Corea et Monk. Et puis la découverte de Jutta Hipp, pianiste allemande au passé sombre qui a enregistré sur le label Blue Note dans les années 50-60. Un superbe hommage lui est rendu par une composition de Julia Hülsmann.
Intempéries : juste pour dire que les trombes d’eau et la gadoue n’ont pas refroidi un public nombreux ( 8 à 900 spectateurs par jour selon Jean-Pierre Bissot), une totale réussite.
Jazzstation Big Band: on a beau l’avoir vu souvent (Brossella, Dinant, Jazzstation…) voilà un big-band qui sonne terriblement bien, avec les nuances qui s’imposent et les moments forts qui vous estomaquent.
sKa : en formule réduite, « Super Ska » donnait sa « Leçon de Danse » en matinée du samedi. On attend le groupe au complet pour une prochaine édition ?
Legnini Linx : pourquoi les réunir ? Parce qu’ils ont tous les deux le jazz dans la peau. « Skin in the Game » dit David Linx entouré d’une rythmique de classe internationale : un concert superbe de bout en bout sur les compositions du maestro, toutes de l’album, et un magnifique « Enfance » en rappel, la composition quasi standard de Steve Houben. Quant à Eric Legnini, avec Thomas Bramerie et Rocky Gresset, citez-moi un pianiste qui chante la tradition avec une telle classe, c’est lui ! Swing et subtilité, citations aussi et deux standards pour clôturer : « Stompin at the Savoy » et « Round Midnight » en solo. La toute grande classe !
Anna Carla Maza : dans la petite église de Rossignol, la violoncelliste-chanteuse d’origine cubaine a séduit (et le mot est très faible), conquis, enthousiasmé le public. Voix et violoncelle souvent en pizzicati n’est pas une formule facile, mais Anna Carla se joue de l’instrument avec la chaleur et la joie que sa voix propulse avec le cœur. La grande découverte du festival.
Ntoumos : le trompettiste a chauffé à deux reprises le deuxième chapiteau : chaleureux et rythmé à souhait.
Orval : pour la saveur du divin breuvage gaumais, bien sûr, mais aussi : connaissez-vous un festival où on vous sert une bière d’une telle qualité dans son magnifique écrin de verre ?
Off : pour la prestation « Jazz Off » d’Annellen Boehme sur le magnifique site de Montauban qui accueille chaque année un artiste au Centre d’Art Contemporain. J’avoue que la pluie matinale m’avait un peu refroidi : Anneleen allait-elle exposer sa contrebasse aux intempéries ? Le déplacement valait le coup car arrivé sur place pour les trois derniers morceaux, le soleil était revenu et la contrebassiste a séduit une cinquantaine de spectateurs clôturant son concert par une pièce entièrement à l’archet, puis par un blues dans la tradition et d’une délicatesse inspirée.
Parisien Peirani (bis): une autre concert mémorable de cette cuvée 2021. Un répertoire où se croisent Piazzolla, Jelly Roll Morton et Kate Bush, rien ne fait peur à ce duo de maîtres ( il y avait déjà eu Led Zep sur « Living Being II ») Ces deux-là s’entendent comme larron en foire et se donnent au public avec une générosité de tous les instants.
Qualité et Quantité : pour la qualité, pas de surprise, le Gaume Jazz nous offre chaque année autant de découvertes que de confirmations, avec une qualité d’écoute remarquable. Quant à la quantité, on espérait le retour du public, et là aussi ce fut une réussite : 8 à 900 spectateurs par jour.
Mathieu Robert : après son beau duo avec Pierre Vaiana l’an passé dans le Jazz Off, on attendait la carte blanche du saxophoniste. Première constatation, Mathieu Robert s’est un peu distancié des sonorités de son professeur. Il faut dire que ce concert pratiquement sans leader était plus un moment de partage collectif qu’une démonstration entre solistes. Un univers sonore original et introspectif où les couleurs sortaient surtout des variations percussives de Nicolas Chkifi.
Isabel Sörling : on l’a découverte l’an passé avec Paul Lay et avec son trio. Une voix, une présence. Ce projet « Mareld », le titre de son album, m’a littéralement retourné : quelle voix, quelle présence ! « Ce n’est pas du jazz » disaient certains, mais quelle musique, quelle intensité !
Trente-septième édition : elle marquera les mémoires. D’abord, après des mois de disette de scène, on sentait les artistes heureux d’être là, enfin ! Est-ce le manque qui fait dire ça ? Mais cette 37e a été d’un niveau remarquable mixant découvertes et valeurs confirmées, jeunesse ( les traditionnels stages) et esprit de la fête, que le déluge du samedi n’a pas terni. En route vers la 38e, la 39e … puis la 40e !
Universelle et d’Utilité publique, telle est la musique jouée ici.
Margaux Vranken : j’ai malheureusement raté cette « suite » au projet « Purpose » de la pianiste entourée cette fois de son groupe européen. L’album est une des plus belles réussites de l’année 2020 et ceux qui ont vu le concert gaumais ne tarissaient pas d’éloge. Séance de rattrapage à Bozar le 24 septembre.
Diederik Wissels : on était à peine remis des deux heures de concert d’Aka Moon la veille que le quartet de Diederik Wissels et la chanteuse Ana Rocha investissaient le plateau du grand chapiteau. J’avoue ne pas être encore remis de l’expérience de la veille et avoir eu du mal à entrer dans l’atmosphère onirique de la chanteuse. Sans doute une salle plus intime aurait mieux convenu à cette musique à la poésie constante mais qui a sonné plutôt monotone à mes oreilles, alors que j’avais apprécié grandement le disque « Secrecy » dont ils jouaient la musique ici. J’ajouterai que cette impression n’était pas partagée par celles et ceux qui découvraient le projet avec les oreilles vierges.
Xylophone : tiens, un instrument qu’on n’a pas entendu cette année !
Y a rien à ajouter !
Zurstrassen : la magnifique musique de l’album « Nova ». J’avoue avoir raté ce concert d’ouverture du samedi. Que des échos positifs par ceux qui y étaient.