La renaissance du « Sounds » ‐ entretien avec Joachim Caffonnette.

La renaissance du « Sounds » ‐ entretien avec Joachim Caffonnette.

En cette longue période de disette de concerts, la réouverture du « Sounds », rue de la Tulipe à Ixelles, c’est un peu l’oasis à l’horizon pour la musique bleue. Et un grand espoir pour le monde du jazz belge.

Collectif du Sounds © D.R.

«La fermeture du Sounds a été un réel choc dans le monde du jazz»

Les murs sont couverts de photos des musiciens qui ont fait l’Histoire du lieu : Charlie Mariano, Lee Konitz, John Abercombie, Philip Catherine et des dizaines d’autres qui ont fait la fierté des patrons Sergio et Rosy. C’est aussi là que sont nés le « Brussels Jazz Orchestra » et « Octurn », que le Conservatoire organisait chaque année, en juin, ses examens publics. Autant dire que la fermeture du « Sounds » après trente-cinq années de concerts a été un réel choc dans le monde du jazz. Surtout pour ceux qui, comme Joachim Caffonnette, y ont fait leurs classes :

«Le Sounds est un des derniers vrais clubs bruxellois où on a l’opportunité de créer, de faire des rencontres, de jouer tard.» Joachim Caffonnette

« J’y ai joué tout le temps depuis mes dix-huit ans, j’y ai développé des projets en résidence grâce à la confiance de Sergio. Le « Sounds » c’est un des derniers vrais clubs bruxellois où on a l’opportunité de créer, de faire des rencontres, de jouer tard. » Et lorsque le nouveau propriétaire appelle Joachim, c’est un peu un rêve qui se dessine : « Ma présidence aux Lundis d’Hortense touchait à sa fin, j’ai alors décidé de former un collectif avec des gens qui me semblaient pouvoir apporter leur expérience. Fanny De Marco y a travaillé, a bossé pour IGLOO, puis au Marni, elle connaît bien la commune d’Ixelles, c’est quelqu’un qui possède un réseau bien développé. Puis Emmanuel André qui est un communicateur et est fan de jazz, il avait notamment déjà travaillé sur la com du « Bravo ». »

Joachim Caffonnette © Robert Hansenne

Avec des nouveaux propriétaires (l’asbl Buen Vivir qui défend les droits humains et qui agit en matière de résistance), il fallait ouvrir de nouvelles perspectives cohérentes pour le club, aller vers une philosophie basée sur les produits locaux, le bio :

« On a signé une convention avec ceux qui s’engagent à respecter cette logique de circuit court, mais aussi de programmation parce que je ne voulais pas être seul à m’en occuper… On formera un groupe de musiciens et musiciennes qui change tous les trois mois pour s’occuper de la programmation. »

L’enthousiasme est réel dans le milieu du jazz et les musiciens, musiciennes, journalistes, attaché(e)s de presse, bloggeurs se mobilisent pour créer une vraie communauté du jazz. L’objectif est de faire tourner le club quatre soirs par semaine, avec de grands noms ( Philip Catherine, David Linx, le BJO, Bert Joris ou Nathalie Loriers y sont déjà annoncés), mais aussi des groupes émergents qui y trouveront la possibilité de se développer. Sans parler des synergies déjà mises en place avec les autres acteurs du jazz à Bruxelles : la Jazz Station, les Les Lundis d’Hortence, Flagey et d’autres opérateurs du jazz se profilent déjà comme des protagonistes actifs d’une harmonie bruxelloise autour de la musique bleue :

«La grande soirée d’ouverture aura lieu le 18 novembre, avec Antoine Pierre et Jean-Paul Estiévenart en maîtres de cérémonie.»

« On est aussi très content que la commune d’Ixelles soit attachée à ce projet, c’est tout de même un club historique à Bruxelles qui tient depuis tant d’années alors que beaucoup d’autres ont dû fermer leurs portes. »

La grande soirée d’ouverture aura lieu le 18 novembre avec Antoine Pierre et Jean-Paul Estiévenart en maîtres de cérémonie. D’ici là, il est toujours possible de soutenir le projet via le crowdfunding organisé à l’adresse http://sounds.brussels/donate.

La présentation du Sounds dans JazzMania.

Jean-Pierre Goffin