Avec le temps #2
A la galerie j’farfouille, souvenir estival rime avec festivals.
Suite de la publication des archives de Jimmy Van der Plas avec les commentaires pertinents de Claude Loxhay
Au Panthéon de ceux-ci, Comblain-la-Tour qui, de 1959 à 1966, a accueilli les grands noms du jazz américain et européen. Souvenirs personnels : en tête, le tumultueux John Coltrane, avec un Elvin Jones nimbé de brume par les projecteurs; Stan Getz, The Sound, avec Gary Burton; Bill Evans, le torse lové sur son piano; John Tchicai, le visage peinturluré mais aussi le quintet d’Albert Mangelsdorff, le Polonais Zbibniew Namyslowski et puis René Thomas, le plus souvent avec Jacques Pelzer ou, en 1965, avec Lee Konitz. Et, en 1964, Jon Eardley, trompettsite qui succéda à Chet au sein du quartet de Gerry Mulligan. On le voit ici, non lors de la période faste de Comblain, mais lors de son revival dans les années 1980, en compagnie de Steve Houben et de Hein van de Geyn, ce jeune contrebassiste hollandais que le public liégeois avait découvert soit au Lion s’envoile au sein de Trinacle, avec Pierre Vaiana et Félix Simtaine ou, au Vujko Vania avec Steve.
Lors de ces “revivals”, on retrouva évidemment de nombreux anciens du Comblain des années 1960 : à commencer par Jacques Pelzer que l’on voit ici avec Jacques Pirotton (guitare), Bart De Nolf (contrebasse) et Micheline Pelzer (batterie). Les deux “JP” venaient d’enregistrer, en duo, le LP “Happy Few”, chez Michel Dickenscheid (Ougrée), en plein bassin sidérurgique liégeois. Petite parenthèse : saxophoniste ténor, élève de Raoul Faisant, Michel Dickenscheid a réalisé quelques-uns des albums phares du jazz belge des années 1970-1980, dans son studio minuscule, à l’insonorisation de fortune. Un simple assemblage de boîtes à œufs, me raconta mon paternel (Albert Loxhay) qui, au retour d’une après-midi de visite très fructueuse, revint les bras chargés d’une dizaine de vynils : le génial “Ouverture Éclair” de Michel Herr, “Saxo 1000”, “Stéphane (sic) Houben”, avec Chet Baker en invité, “Mauve Traffic” avec un certain Bill Frisell, Lou Mc Connell, saxophoniste américain installé à Liège, “JazzMatic”, formation emmenée par le flûtiste Jean-Marc Fauconnier, avec Fabrizio Cassol et… Jean-Pol Schroeder au piano.
Michel Graillier, l’un des pianistes les plus mélodiques de la scène française. Il croisa la route de Chet, du sax Barney Wilen et d’Alain Jean-Marie pour un duo de piano. Epoux de Micheline, on le retrouva souvent en compagnie de Jacques Pelzer comme sur ce LP “Song For René”, enregistré live par le disquaire-producteur liégeois Duchesne ou ce” Never Let Me Go” (cédé Igloo de 1990). Présent à ce revival, Robert Jeanne avait déjà été invité à Comblain dans les années 1960, avec Léo Fléchet, Jean Lerusse et Félix Simtaine : LP “Second Life” (Jazz Cats 1984) puis cédé “Quartets” (B.Sharp). Lors du revival de 1987, Robert joua avec José Bedeur, un autre fidèle du Comblain des années 1960, au sein du trio de Jean-marie Troisfontaine.
Jean Linsman a découvert le jazz avec Chet et Clifford Brown. Il a d’abord fréquenté le milieu jazz liégeois : le pianiste Maurice Simon mais aussi René Thomas et Jacques Pelzer. Suite à un accident, il abandonne la trompette en 1971 et se tourne vers la basse. C’est ainsi qu’on le retrouve, à la basse, sur le dernier disque de René Thomas, “Thomas-Pelzer Limited”, gravé en 1974 pour le label Vogel, en compagnie de…Han Bennink à la batterie ! Fin des années 1970, il est revenu à la trompette, notamment, comme ici, en compagnie de Stéphane Martini et de Salvatore La Rocca qui allait animer les concerts de La Luna, avant de croiser Steve Grossman.
Si Stéphane Martini a étudié la guitare classique au Conservatoire de liège, c’est un voyage au Brésil qui l’a orienté vers la musique latino qu’il illustra si bien avec le groupe Papagayo. On le voit ici en compagnie du flûtiste Lucky Vandevelde, comme sur le LP Amazone de 1986, enregistré au studio Les Forges, à Seraing pour Sélection Records.
Si tout le monde connaît le directeur de “La Maison du Jazz” (Liège), certains ont peut-être oublié que Jean-Pol Schroederavait été rédacteur en chef du magazine Jazz in Time (une douzaine de collaborateurs bénévoles, des correspondants permanents en France, Espagne, au Canada et aux Etats-Unis), mais aussi pianiste, d’abord au sein de JazzMatic puis à la tête de sa propre formation, que ce soit, entre autres, pour revisiter les grands classiques wallons, tel Léim’plorer, ou l’histoire du jazz lors d’un mémorable concert fleuve au Brouckay, avec Steve Houben ou Fabrizio Cassol en invités.
François Walthéryà l’harmonica… L’amateur de belles gambettes (Natacha) et de pigeons (Le vieux Bleu) n’est pas seulement dessinateur. Comme son voisin et confrère Mittéi, Walthéry est amateur de jazz, au point d’organiser à Cheratte Hauteurs des concerts intitulés “Jazzband Dessinée”. Pirli Zurstrassen a beaucoup jammé avant de former son quintet avec Pierre Vaiana au saxophone et Jean-Pol Danhier au trombone (LP “Gallinacée”) puis son septet H (un LP avec Steve Houben et Erwin Vann suivi d’une série de cédés avec d’autres saxophonistes). On le voit ici devant un Yamaha qui semble avoir beaucoup servi lors de ce revival.