Diemen Sniep : Entre l’actif et le calme.
C’est au mois de juin, le 18 exactement, qu’est paru le premier enregistrement d’un nouveau groupe liégeois baptisé Diemen Sniep. D’abord ce fut uniquement une sortie en version digitale puis, début septembre, le label Jaune Orange a publié la version vinyle de ce disque nommé « Life Without Adrenaline ».
Diemen Sniep, c’est un groupe de rock intense, expérimental, mené par le multi-instrumentiste Chad Levitt. Sa musique privilégie les ambiances lourdes, les moments mélancoliques, les alternances entre l’ombre et la splendeur. Une musique puissante qui sait aussi accueillir des claviers, voire un piano tout ce qu’il y a de plus acoustique. A défaut de concert pour s’y rencontrer, voire de « face to face » en ce foutu mois de novembre où tout semble à nouveau s’effondrer, c’est par téléphone que j’ai échangé ces quelques mots avec Chad Levitt.
«Diemen Sniep est un groupe dans lequel les musiciens changeront régulièrement. Je resterai l’élément stable.»
Je pensais que Diemen Sniep c’était un groupe. Finalement c’est plus un projet solo…
Chad Levitt : C’est un groupe que j’ai créé il y a quelques années avec un ami. Maintenant c’est mon projet. Je le vois dans le futur comme un groupe dans lequel les musiciens changeraient régulièrement. Disons à chaque album. Et moi je resterais l’élément stable du groupe. J’ai aussi joué dans d’autres groupes, notamment dans Eosine, d’où la présence d’Elena Lacroix sur l’album. Mais ceci est vraiment mon véritable projet.
«Pour la pochette, nous avons choisi une peinture de Rubens. Elle colle assez bien avec notre musique.»
D’où vient le nom du groupe ?
C.L. : Ce sont tout simplement le nom de deux communes qui se trouvent dans la périphérie d’Amsterdam ! Quant à l’illustration du disque, c’est une peinture de Rubens. Je trouvais qu’elle collait assez bien avec notre musique.
Quelques mots sur l’enregistrement de l’album ?
C.L. : Il a été enregistré à Tavier, ici en Belgique, puis il a été mixé aux Etats-Unis, à Brighton.
Et produit par Chris Johnson, le bassiste de Deafheaven. Comment as-tu fais sa connaissance ?
C.L. : Je ne le connaissais pas vraiment mais je savais qu’il était aussi producteur. Je l’ai contacté et il a apprécié la musique. Son prix était assez raisonnable pour entrevoir de travailler ensemble. Donc nous avons co-mixé l’album mais à distance, je ne me suis pas rendu aux States. Il y a eu échange de nombreux mails, de différents mixages, des choix ont dû être faits.
Les morceaux sont créés en répétitions ou tu les imagines d’abord seul ?
C.L. : J’ai composé tout l’album et pour quelques morceaux, j’ai reçu l’aide d’Elena Lacroix. Il y avait aussi l’apport de deux autres musiciens dont le guitariste qui a joué sur l’album et qui est toujours dans le groupe.
Dans les influences, références lues, on cite régulièrement Swans, Daughters, Mogwai. Godspeed YBE. Je n’ai lu nulle part les Courtraisiens d’Amenra… Pourtant cela me semble être évident avec ces changements de climats, ces explosions. Surtout sur un titre comme « Pest »…
C.L. : Je connais très bien Amenra. Moi je dirais plutôt que c’est le début de « The Heat » qui se situe dans ce genre. Je n’aurais pas fait le lien, mais c’est un groupe pour lequel j’ai beaucoup de respect. Personnellement, je trouve que c’est le meilleur groupe live qui existe !
«Je souhaite que ce soient plus les mélodies qui ajoutent aux morceaux… et non les voix sur lesquelles les gens se focalisent.»
La voix est souvent mise au second plan, pourquoi ce choix ?
C.L. : Je vais dire qu’il faut avoir le goût pour ce genre de chose. Je voulais que ce soient plus les mélodies qui ajoutent aux morceaux, et pas ce truc à part qui fait que les gens se focalisent là-dessus. Je voulais simplement que la voix fasse partie du tout.
«J’aime bien les nuances… pas les morceaux qui sont constamment actifs ou calmes.»
Un tout qui comprend des passages très durs puis des accalmies…
C.L. : Tout à fait. Des moments plus aériens. J’aime bien ces nuances, je n’aime pas les morceaux qui sont constamment « actifs » ou constamment « calmes ». J’aime bien quand il y a des hauts et des bas.
Quel est l’instrument que l’on entend au début de « The Heat ». On dirait presque le son d’une guimbarde !
C.L. : (rires) Non c’est simplement un clavier que j’ai modifié pour faire des bruits de cloches !
Le piano sur « Consequences » est magnifiquement mis en évidence. Vraiment une belle idée. Un beau break parmi les autres titres…
C.L. : On va dire que c’est le moment calme avant le déferlement du dernier titre « Cavern ». Mais je trouve qu’il possède malgré tout une ambiance stressante. Même si l’atmosphère est généralement calme.
«Il y a des musiciens qui préfèrent être « à fond » dans un instrument… Moi j’aime bien avoir des capacités dans tous…»
Tu joues du piano, des claviers, de beaucoup d’instruments. Tu as reçu une formation particulière ?
C.L. : Il y a des musiciens qui préfèrent être « à fond » dans un instrument. Moi j’aime bien avoir des capacités dans tous ! J’ai toujours préféré composer pour un ensemble que pour un instrument en particulier.
«Les prochains enregistrements arriveront vite : je n’ai pas envie de faire un album tous les quatre ans !»
Dans les concerts que vous avez donnés, il y a déjà deux belles références pour un jeune groupe : le Desertfest en Flandres et le Micro à Liège…
C.L. : Ah oui, deux beaux moments et là nous revenons d’un concert en Allemagne. Mais il n’y a plus rien de prévu en live pour le moment. Je travaille constamment afin de créer de nouveaux titres. Je suis quelqu’un qui aime jouer assez souvent. Je pense que les prochains enregistrements arriveront vite. Je n’ai pas envie de faire un album tous les quatre ans ! Je suis à 100% sur le projet Diemen Sniep. Je veux que cela avance !
Et comme on dit dans ces cas-là, la suite au prochain numéro. Mais sans empressement. Il faut que le second album soit encore meilleur !
Diemen Sniep
Life Without Adrenaline
Jaune Orange