(r) : Titan Arum
Sous ce nom de (r) se cache l’artiste turinois Fabrizio Modenese Palumbo. Ceci est déjà son cinquième album et j’avoue ne rien connaître de son passé. Il a fait partie des groupes italiens Blind Cave Salamander, Almagest ! et Larsen, mais a aussi collaboré avec des membres de Xiu Xiu, Father Murphy et Einsturzende Neubauten. Ceci nous parle plus et on comprend mieux dès lors la démarche du musicien et de ceux qui lui ont offert leur collaboration pour ce disque.
Ne nous fions pas à l’efficace single immédiat à connotation disco «The Side Effects of Self Indulgence » pour définir sa musique. Cette dernière est le fruit de ses nombreuses expériences et expérimentations musicales à travers le monde, dans des domaines tels que le théâtre, le cinéma, voire des performances avec des compagnies de danse contemporaines. Son étrange musique, effrayante parfois (ces cris masculins de désespoir sur « Botox » ou « Vacant Stares ») convoque les drones, les bruits, les explosions, le sonique spatial (avec, en léger fond, des accents de Cabaret Voltaire), des danseurs de flamenco, des réminiscences rythmiques allemandes (E.N., Kraftwerk), des spoken words, des soundscapes, du desert song allongé pendant de nombreuses minutes par des modulations (« Red Coat ») et en final, une intéressante reprise du « Lullaby » de Leonard Cohen. Entre des morceaux d’une longueur classique et de très longues expérimentations hypnotiques, on se trouve parfois sous le charme, grâce à de beaux développements mélodiques. Mais aussi parfois désemparé, parfois pressé que cela se termine parce que l’expérience dans laquelle le musicien s’enfonce, s’étire inutilement. 62 minutes pour onze titres qui vous plongent dans un étrange voyage qui fascine ou interroge. Mais qui sera loin de laisser indifférents les curieux interpellés par les recherches sonores et certains aboutissements hors normes.