Edges / Guillaume Vierset : The End of the F***ing World ‐ First Round

Edges / Guillaume Vierset : The End of the F***ing World ‐ First Round

Igloo

On sait l’intérêt que porte Guillaume Vierset à des musiques extérieures au jazz. Il l’a notamment montré avec son Harvest Group via lequel il se connecte à des chanteurs-compositeurs de folk-rock comme Nick Drake, Bob Dylan ou Neil Young. Le voici à la tête d’un nouveau projet judicieusement intitulé Edges puisqu’il nous transporte aux confins du jazz, empiétant même sur un rock progressiste instrumental qui n’est pas sans évoquer des groupes de post-rock ou même certains morceaux tardifs de King Crimson.

« The End Of The F***ing World – First Round » n’est toutefois qu’un EP qui présente et annonce un album complet à paraître à l’automne 2022. Les quatre morceaux sont courts et denses. Sur le premier titre « First Round », le leader lâche des riffs de guitare rageurs sur une rythmique puissante délivrée par le bassiste danois Anders Christensen (Jakob Bro) et le batteur Jim Black (Kurt Rosenwinkel, Tim Berne). Par la suite, l’atmosphère se dilue un peu avant que ne s’installe un climat obsédant, brutalement tranché à la fin du morceau. Après quelques bruitages sonores qui font la transition avec le morceau précédent, « Gloomy » met en place pour un moment trop court une pulsation organique construite sur une ligne de basse, propice à quelques envolées sinueuses d’une guitare toujours saturée. « Better Call Pam » change de registre : ambiance éthérée, envolées aériennes de six-cordes, glissandos rêveurs, progression harmonique simple, le tout nourri par la frappe dynamique de Jim Black qui stimule, déconstruit et relance constamment la musique. Le dernier titre, « Back », qui est le plus mélodique des quatre, renvoie aux compositions épurées et nostalgiques que Guillaume Vierset a l’habitude de jouer au sein de son Harvest Group.

Sans préjuger de ce que sera l’album à venir, cet EP donne assez d’indices pour que l’on puisse prédire un disque varié, à la frontière entre plusieurs genres. En attendant d’en savoir plus, on écrira seulement que ce nouveau quartet fait preuve d’une belle cohésion et s’avère un véhicule idéal pour mettre en valeur les idées éclectiques et fusionnelles du guitariste.

Pierre Dullieu