Bruce Crossman: Heaven to Earth Border House

Bruce Crossman: Heaven to Earth Border House

Navona Records / Parma Recordings

Bruce Crossman est un compositeur australien passionné par l’architecture, la poésie et la musique. Essentiellement la musique classique, la world et l’improvisation, en particulier tout ce qui se rapporte à la culture des pays de l’Asie de l’Est (Chine, Japon, Corée, Taiwan, les Philippines…). Ceux qui touchent l’Océan Pacifique, sans oublier son pays d’origine. Son CV est imposant (liste complète de ses highlights sur la pochette intérieure) : il est titulaire de nombreux doctorats, diplômé de diverses universités. Il a dirigé de nombreux ensembles asiatiques, s’est confronté à l’opéra et a publié quelques cds. Sa dernière production, mais je suppose aussi les précédentes, est compliquée, obscure, troublante. Elle comprend six compositions, dont deux interludes de une minute onze. Les quatre autres plages se déroulent entre douze et dix-huit minutes et nous plongent dans un amalgame contemporain, avant-gardiste, hermétique, froid, intrigant. Des juxtapositions de notes au piano, de percussions avec la participation de la chanteuse soprano Anna Fraser qui apporte encore plus de trouble à notre ouïe pourtant déjà bien sollicitée et depuis longtemps, par des musiques dissonantes. Cet assembleur sonore mêle des improvisations jazzy au piano avec des percussions asiatiques réminiscences de la méditation. C’est baroque, inquiétant, singulier, organique, contemplatif. Les textes viennent d’œuvres poétiques, de la Bible ou de Shakespeare et sont chantés en anglais et en mandarin. Dans ses compositions, Bruce Crossman inclut aussi des partitions pour des instruments typiquement asiatiques tels que le guzheng, le taegum ou le gayageum ! Je n’ai pas une opinion bien catégorique à l’écoute d’une telle musique qui oublie les émotions, se concentre sur la recherche et l’assemblage de modulations, de tonalités. Par contre pour les inventeurs, les défricheurs et les essayistes du monde des sons, je pense que ceci est certainement un disque pour eux.

Claudy Jalet