Uxila Exile: Songs For Harry S. Truman
Le titre de ce premier album fait référence au 33eme président des Etats-Unis, celui qui a autorisé les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki, mais aussi fait voter le plan Marshall pour la reconstruction de l’Europe. La pochette ne nous aide pas dans l’option prise par le groupe : elle peut aussi bien évoquer la destruction, le cataclysme que la construction, la renaissance. Les huit compositions sont présentées via quatre élégantes fiches glissées dans la pochette. Elles ont comme sources d’inspiration, entre-autres, le feuilleton « Twin Peaks », un poème de William Blake, une chanson finlandaise, le parolier anglais Norman Gimbel, le meurtre de Georges Floyd… Des thèmes qui ont inspiré les titres joués par ce quatuor finlandais mené par le vibraphoniste / compositeur Ilkka Uksila. Le groupe, formé en 2020, est aussi composé d’un trompettiste, d’un bassiste et d’un batteur. Il évolue dans une certaine tradition du jazz qui rend leur musique facilement accessible, tout en lui apportant des éléments d’un jazz plus contemporain. A titres d’exemples je citerai le très efficace « Crane Island » et ses réminiscences reggae dub syncopées qui se meuvent vers la lounge, ou « Navy Blues », sur lequel le groupe s’est inspiré du « Bluesette » de notre Toots Thielemans, le trompettiste reproduisant fidèlement la mélodie principale. Les solos sont équitablement partagés entre le vibraphoniste et l’excellent trompettiste Tomi Nikku qui mérite que son nom soit également cité. Leurs interventions – souvent alternées – sont majoritairement interprétées dans un registre relativement soft, le jazz d’Uxila Exile se voulant douillet et chaleureux. Il évite les secousses et ouvre les portes vers des moments propices à une écoute relaxante. Un cd que je qualifierai de « confortable » et d’assez inédit, grâce au duo de leaders formé par le vibraphoniste et le trompettiste.