Thierry Maillard Ensemble : Caméléon

Thierry Maillard Ensemble : Caméléon

Ilona Records / L’Autre Distribution

Sur son album précédent (« Zappa Forever ») et secondé par un big band, le pianiste/compositeur français rendait un hommage au guitariste américain. Sans reprendre un seul de ses morceaux mais en s’inspirant de son style éclaté. Changement de cap radical sur ce « Caméléon » parce qu’il voulait « monter une aventure avec des femmes ! ». Cet « Ensemble » est composé d’une base instrumentale jazzy axée autour d’un trio masculin piano (T.M.), contrebasse (Chris Jennings), batterie (Yoann Schmidt). Autour d’eux, 14 musiciennes et chanteuses (9 !) vont imprimer la spécificité de l’album. Essentiellement via l’omniprésence de voix lyriques, incroyables, détonantes. Le délire de Thierry Maillard étant de réunir le monde lyrique avec celui du jazz, tout en optant pour de vrais textes, pas des onomatopées. A cette fin une langue inédite est créée, une sorte d’esperanto descendant lointain du kobaïen élaboré par le batteur Christian Vander pour Magma. Mais le français, l’anglais, des vocalises, du scat, surgissent au détour des compositions.

Musicalement, c’est aussi un doux délire, avec ces sensations d’être presque toujours à l’opéra, mais parfois détourné dans un petit club de jazz (« Chrysalide »), dans une soirée un peu celtique (« Atlantide »), un peu world (les deux parties du magnifique « La Cité Perdue »), un peu tango via le bandonéon en intro de « L’attrape Rêves », véritable condensé de l’album sur plus de dix minutes.

Ces quelques petits détails pour vous faire comprendre que Thierry Maillard s’est efficacement un peu « égaré » à certains moments pour nous apporter une belle diversité. Mais retenez essentiellement les mots « grandes voix lyriques » et « jazz » comme étant les identités de la musique de cette jeune génération, éminemment créative. Si la fusion est perturbante lors de la première écoute, les suivantes vous raviront. Si ce n’est pas le cas, vous devrez malgré tout reconnaitre l’originalité de la démarche de cet « Ensemble » qui, pendant 75 minutes, a osé d’autres choses, relativement singulières.

Claudy Jalet