Sisa Michalidesova : Majster a Margaréta
Même pas la quarantaine et cette défricheuse publie déjà son douzième album ! Originaire de Bratislava en Slovaquie, Sisa est une compositrice de jazz, flutiste, claviériste mais aussi actrice ! D’où ces œuvres parfois destinées au théâtre, au cinéma voire à la télévision dans son pays et en Pologne. Il semblerait qu’elle ait été également impliquée dans le milieu pop rock auparavant en tant que chanteuse. Pour compléter son cv, sachez qu’elle fut récompensée d’un Awards pour ses dixième et onzième albums.
Ce qu’elle nous propose avec ces treize nouvelles compositions déconcertantes, secondée par une vingtaine d’invités (guitares, basse, batterie, Fender Rhodes, percussions, contrebasse, harpe, violon, clarinette selon les titres), un quatuor à cordes (le Mucha Quartet) et des samplings puisés dans la librairie de la BBC, est une fusion entre le jazz disons classique et la musique baroque, parfois symphonique. Du néo-classique sur lequel on devine quelques influences d’Igor Stravinsky. Notamment dans le jeu au piano et dans la façon d’imposer des rythmiques extravagantes à une musique qui s’installe dans le classique contemporain. Mais ne négligeons pas les interventions de la guitare et de la flute qui nous emmènent régulièrement dans de brèves séquences progressives, brouillant encore quelque peu les pistes de l’auditeur. Dont les sensations passent par l’âpreté, l’austère, le rugueux, l’aventureux. Pour se retrouver ensuite immergé dans de la douceur, dans des petits moments éthérés. Ou dans d’autres, surpris par un travail sur les voix qui décontenance (« Kritik »). Même sur ce « Byt c. 50 » qui ne dure pourtant que 19 secondes ! Et que dire de ce final qui pourrait résumer quelque peu l’ensemble avec ce périple qui erre entre l’opéra et Divine Comedy ! Vraiment un album riche, surprenant et pleinement téméraire.