TOC : Did It Again
TOC. Soit les initiales patronymiques de Jérémie Ternoy, Peter Orins et Ivann Cruz. Un trio fort d’une existence de plus d’une douzaine d’années, gravitant autour de La Malterie à Lille. S’ils ont fréquenté le même conservatoire, c’est bien après leurs classes qu’ils ont uni leurs destinées. Leur musique est difficilement classable, s’apparentant à la large sphère du free jazz tout en en étant désappariée, désappareillée. Une musique aux accents parfois expérimentaux, parfois punk, parfois krautrock, avec toujours une grande part laissée à l’improvisation et qui, délibérément, refuse les redites. Le piano basse de Ternoy procure aux compositions une ossature que complète et renforce la rythmique constamment en alerte d’Orins. Entre les deux évolue la guitare électrique de Cruz, une guitare aventureuse, indomptée, indomptable, souvent en roue libre.
Cette édition est ambitieuse. Elle réunit quatre cd d’une quarantaine de minutes chacun, dont trois concerts saisis sur le vif, à quelques jours d’intervalle à peine, en octobre de l’année dernière. Le premier, « Dragon », a été enregistré au Spontaneous Music Festival à Poznań, en Pologne. Le deuxième, « Lumen », a été capté au club du même nom de Budapest, tandis que le troisième, « Base », a été enregistré lors du Festival de la Malterie. Le quatrième disque, « Le Gorille », constitue pour sa part la réédition du premier enregistrement du groupe en 2008, publié en édition confidentielle l’année suivante. TOC en est alors à ses balbutiements, mais déjà on mesure à quel point il fouille le son, le creuse, le recreuse, pour mieux en faire jaillir un substrat brut et intense qu’il ne cessera de labourer par la suite, telle la perpétuation d’un trouble obsessionnel compulsif.
