René Lussier : Au Diable Vert
Il nous faudrait un jour revenir sur le parcours de René Lussier, lequel a toujours préféré les chemins de traverses, les vicinaux aux grandes avenues balisées. Un parcours jalonné d’étapes musicales aux croisées de maintes trajectoires. « Au Diable Vert », c’est un peu au diable Vauvert. C’est d’abord une façon de cabane au Canada, le laboratoire de travail que Lussier s’est construit il y a une vingtaine d’années en rase campagne. Le guitariste québécois y invite des habitués et des égarés de passage. Ensemble ils se font un bœuf, un bœuf qui rit. On y croise l’accordéoniste Luzio Altobelli, la tubiste Julie Houle, le clarinettiste Guillaume Bourque, les batteurs Robbie Kuster et Marton Maderspach. D’autres font une apparition plus discrète comme le tromboniste Alain Trudel, les deux musiciens japonais Koichi Makigami et Takashi Harada ou encore Monsieur Chris Cutler qui vient déclamer un de ses petite poèmes. On notera également la présence impromptue du chat de Lussier venu quémander des croquettes à coup de miaulements insistants ! Avec ce nouvel album, Lussier complète une discographie déjà bien fournie (s’il ne fallait en épingler qu’un seul on retiendrait le cultissime « Le trésor de la langue » paru en 1989). Davantage encore, il conforte un travail de composition remarquable. Chaque pièce est finement ciselée, enlevée tout en se laissant imprégner par les apports de chaque musicien respectif. « Au Diable Vert », on danse sur des accords assassins, des sarabandes extraordinaires, des chacones désaxées. On y danse tentaculairement, à l’abri d’érables honorables et sans boussole aucune.