Ibrahim Maalouf : Capacity to Love

Ibrahim Maalouf : Capacity to Love

Mister Ibé

A la première écoute de cet album (quelques-unes ont suivi), j’ai d’abord eu une pensée pour mon voisin avec lequel nous partageons des moments « jazz & beer » exaltants. Au cours d’une de ces sessions qui a dû avoir lieu il y a quelques semaines, il m’avait parlé de la générosité d’Ibrahim Maalouf, dont il appréciait particulièrement un des albums « live », ainsi que l’intimiste et rétrospectif « 40 mélodies » publié à l’occasion de son quarantième anniversaire. Puis j’ai pensé à Quentin, notre photographe / chroniqueur, qui s’était porté volontaire pour effectuer l’interview que l’agence du trompettiste nous proposait de réaliser. Quentin nous avait offert un reportage photographique lors de la venue d’Ibrahim Maalouf à Liège au mois d’avril. S’agissant de mon voisin, la question qui se pose est « qu’en penserait-il ? ». Quant à Quentin (à répéter dix fois de suite à haute voix…), il allait devoir demander au trompettiste de lui fournir quelques explications sur ce qui semble être ici bien souvent inexplicable… Pas un cadeau, il faut en convenir.

C’est à la lecture de l’interview (qui paraîtra dans JazzMania mercredi) et des notes de pochette, que notre lanterne s’éclaire un peu. Au centre du package, Ibrahim a écrit : « Thank you to those who love the ones who are different ». Il s’en expliquera dans l’interview. Il a fait appel à deux producteurs (le Lyonnais NuTone et le Californien Henry Was) qui lui ont donné un coup de main (et un gros son) pour donner vie à cet album à nouveau différent de tous ceux qu’il nous avait proposés jusqu’alors. Puis il y a les guests, parfois déconcertants, sortis du milieu urbain (Flavia Coelho & Tony Romera, Alemeda, Cimafunk & Tank and the Bangas, JP Cooper, Dear Silas… Ça prend déjà pas mal de place sur le disque…), il y a deux discours humanitaires (l’Amérique sous Trump dénoncée par Sharon Stone et en entrée, le célèbre discours de Charlie Chaplin que l’on retrouve dans « Le dictateur »), il y a Gregory Porter et il y a enfin une belle surprise, Erick the Architect, le seul qui, pour notre bonheur, pourra s’exprimer sur deux titres.

C’est évident : non « Capacity to Love » ne plaira pas à mon voisin et dois-je le préciser, à moi non plus… Par contre, on admire cet Ibrahim Maalouf agitateur / rassembleur qui remet en jeu, d’album en album sa propre notoriété, avec un seul objectif : que nous apprenions à aimer ce qui est différent de nous. En avons-nous « la capacité » ? Respectons ce qui est différent de nous… Ce sera déjà pas mal.

Ibrahim Maalouf en concert au PBA de Charleroi ce dimanche 22 janvier et Salle Reine Elisabeth (Anvers), le lundi 23 janvier… en configuration « Quelques mélodies ».

Retrouvez Ibrahim Maalouf en interview dans JazzMania ce mercredi 18 janvier.

Yves Tassin