Jonathan Collin-Bouhon : Léman

Jonathan Collin-Bouhon : Léman

Autoproduction

Comme le guitariste Elliott Knuets – avec lequel il joue d’ailleurs dans son projet « Collision » – Jonathan Collin-Bouhon fait partie de cette très jeune génération de musiciens à suivre absolument. A 18 ans à peine, il sort un premier album où on trouve, outre sa sœur Elodie au chant, quelques pointures du jazz belge : Fabrice Alleman (saxophones et clarinette), Ivan Paduart (piano), Daniel Jonkers (drums) et Peter Hertmans (guitare).

Adolescent de son époque, Jonathan, après avoir tâté de la batterie, découvre la basse électrique avec les Red Hot Chili Peppers, Metallica et les Jackson 5. Il découvrira le jazz lors de ses humanités artistiques et prendra des cours avec Janos Bruneel, Christophe Devisscher, Dieter Limbourg, Bert Cools… A 14 ans, il entre dans le « Youth Jazz Collective » dirigé par Frank Vaganée : il joue alors de la contrebasse depuis deux mois seulement ! Enfin, il suit les cours des jeunes talents au Conservatoire Royal de Bruxelles avec Bart de Nolf, Christophe Walemme et Diederik Wissels.

Dès les premières notes de « Equal Lives », on sent que Jonathan Collin-Bouhon ne s’est pas trompé de partenaires, des musiciens qui aiment la belle mélodie, et tous y plongent avec délectation et invention. Peter Hertmans s’y sent illico comme un poisson dans l’eau, Ivan Paduart enchaîne, tout cela sur le son rond et plein de la contrebasse… qui introduit le deuxième thème à l’archet précédant la clarinette de Fabrice Alleman. Tout ceci donne le sentiment d’une belle mise en place, peut-être un peu trop pressentie, dans laquelle on ressent l’inspiration assumée par Jonathan des musiciens scandinaves comme Arve Henriksen ou Lars Danielsson. « 7/26 » en tempo medium laisse une belle place aux solistes, « Dagar När Jag Tänker Pa Dig » donne libre cours à l’inspiration du sax-soprano de Fabrice Alleman et à la guitare de Peter Hertmans, avant le final chanté. On retrouve le saxophoniste au ténor tout aussi inspiré sur « Valse pour Claudia », ainsi que sur « Blues for Corea » (Chick, une autre inspiration du contrebassiste) au soprano et sur un up-tempo plein de vitalité. Voix, guitare et contrebasse clôturent l’album avec « Anahata », une tendre mélodie, apaisante où se glisse discrètement la batterie de Daniel Jonkers dans les derniers instants de ce beau moment de poésie. A dix-huit ans à peine, Jonathan Collin-Bouhon se révèle fin mélodiste, contrebassiste délicat à la belle sonorité ample et ronde, et compositeur inspiré. Un bel album qui fait entrer dans nos références un musicien à suivre assurément.

Jean-Pierre Goffin