Gorilla Mask : Mind Raid
La pochette portraitise un couple de gorilles dont l’un a l’œil franchement menaçant tandis que l’autre a le regard plutôt compatissant. Je ne sais s’il faut voir dans cette image une allégorie renvoyant à la musique de Gorilla Mask. Pour autant, la comparaison n’est pas dénuée de fondements. Dès les premières notes, le ton est donné. Le sax éructe, la batterie martèle et la basse marque l’oreille. « Mind Raid », le morceau titulaire qui lui succède est peu ou prou du même acabit. Il faut attendre le début de « Demon Durge » pour que les choses s’aplanissent quelque peu. Le reste du disque oscille entre ces deux pôles : menace et bienveillance, entre ces deux regards d’hominidés.
C’est Peter Van Huffel, saxophoniste belgo-canadien établi à Berlin, qui emmène ce trio, aussi à l’aise à l’alto qu’au baryton, sans oublier l’électronique dont il agrémente les compositions. A ses côtés figurent le bassiste (électrique) Roland Fidezius et le batteur / percussionniste Rudi Fischerlehner. Après treize années d’existence et quatre albums à son actif, le groupe réalise ici son premier opus réellement collectif dans la mesure où cette fois, chacun de ses membres a travaillé à part égale dans le processus de composition. Les sept morceaux alignés ont été échafaudés durant les confinements successifs de 2020 et 2021 et mixés à trois. « Mind Raid » (ce titre pourrait être celui d’un jeu mental sans issue…) titillera les arcanes de votre esprit. De par son audace et la flamboyance de sa palette sonore, il plaira autant aux fans d’Albert Ayler qu’à ceux de John Zorn ou d’Elliott Sharp.