Mario Gaiotto : Cosmopaulista
Beaucoup de disques de jazz ont été voués à New York, Chicago ou même Détroit, mais le batteur brésilien Mario Gaiotto (qui a joué entre autres avec le Belge Henri Greindl) a dédié le sien à sa ville natale, la tentaculaire et populeuse Sao Paulo, creuset de cultures dont on dit que les habitants (les Paulistes) sont originaires de plus de 200 pays – le titre de l’album est ainsi une contraction de « cosmopolitain » et de « pauliste ». Apparemment, le jazz y fait aussi partie de la vie culturelle puisque le trio de Mario Gaiotto comprend deux autres talentueux musiciens locaux : le pianiste Daniel Grajew et le bassiste Sidiel Vieira.
La musique – entièrement originale – jouée par ce trio se révèle fraîche et inspirée, revisitant, au fil des dix compositions, l’éclectisme musical brésilien, mais aussi les influences diverses apportées par les émigrants dont les origines se trouvent hors de l’Amérique latine. Ainsi, des titres comme « Going to Maghreb », « Jerusalem » ou « Armenian Jazzy Metal » parlent par eux-mêmes en termes de multiculturalisme, le dernier étant un évident clin d’œil au pianiste Tigran Hamasyan qui n’a jamais caché son intérêt pour des groupes de métal comme Tool ou Meshuggah. Quant aux styles brésiliens, les amateurs reconnaîtront au fil des plages des bribes de maracatu, de batuque de umbigada, de pagode de viola, de choro ou de maxixe de Rio. La musique se fait alors particulièrement mélodieuse, un morceau comme « Enquanto Você Dormia » rappelant par exemple les belles et séduisantes mélodies composées par un Antonio Carlos Jobim.
Emmené par le jeu de batterie extrêmement dynamique du leader, véritable cheville ouvrière rythmique, le trio séduit par son invention mélodique, sa positivité et son approche cosmopolite, à l’image de la ville qui l’héberge.