Clint Bahr : Puzzlebox
Clint Bahr nous propose son premier album solo. Il s’est fait connaître il y a une vingtaine d’années en tant que bassiste et chanteur du trio américain TriPod. Ce groupe enregistra un unique album, un des premiers du label MoonJune Records, fait d’un mélange d’inspirations variées : c’était proche du prog (King Crimson ou Van der Graaf Generator semblaient des influences évidentes), mais ces trois musiciens (outre Bahr, un batteur et un saxophoniste-flûtiste) pouvaient également s’envoler dans des improvisations proches du free-jazz. Vingt ans plus tard, Clint Bahr (jouant une multitude d’instruments, de la basse au mellotron, en passant par la guitare, la flûte, l’harmonium ou des percussions et compositeur de tous les morceaux, à l’exception des improvisations) n’a pas vraiment changé dans son approche musicale et le titre de l’album (« Boîte à puzzle ») est assez révélateur. Ce disque n’a pas une direction musicale bien définie, mais va dans des sens divers (et souvent réussis) en fonction des invités présents sur chacun des titres. En outre, cet album a été conçu sur de nombreuses années (c’est ainsi que Peter Banks, ancien guitariste de Flash et de Yes, décédé en 2013, est présent sur un morceau). Cela débute par une courte introduction aux sonorités orientales et hypnotiques (« Tabula Rasa 1 ») où Clint Bahr jouant du tambura est rejoint à la flûte par David Jackson (Van der Graaf Generator) et par Dan Parkington au sitar. Suivent quelques titres très structurés et assez sophistiqués, plus conventionnellement rock (à tendance prog), avec Bahr au chant, mais surtout deux longues improvisations free-jazz (« Plate » et « As Tympani Melt in the Greek Heat ») avec en invités (outre les déjà cités David Jackson et Dan Parkington qui a troqué son sitar pour un violon) l’ancien batteur de Flash (Mike Hough) et surtout les « vétérans » (mais toujours en pleine forme) Marilyn Crispell au piano et Dick Griffin au trombone. Et c’est tout à fait convaincant. L’album se termine comme il a commencé, par des intonations méditatives (« Tabula Rasa 2 ») où le violoniste David Cross (King Crimson) prend le relais de David Jackson.
Ces styles très différents dans un même disque peuvent étonner, voire provoquer un effet de rejet. Mais tout est si bien interprété, si persuasif que l’on ne peut qu’accueillir favorablement cette mosaïque musicale.