Philip Catherine & Nicolas Fiszman : Live at the Berlin Jazzbühne Festival 1982

Philip Catherine & Nicolas Fiszman : Live at the Berlin Jazzbühne Festival 1982

The Lost Recordings / New Arts International

L’aventure « The Lost Recordings » relève d’un pari osé : retrouver des témoignages audios inédits, en améliorer la qualité sonore par un processus efficace de restauration et les éditer en tirage limité sur des vinyles 180 grammes garantissant une qualité audiophile (des versions en CD sont néanmoins également disponibles). Il existe en Europe des centaines d’heures d’archives sonores de concerts enregistrés pour la plupart entre 1958 et 1985 par des radios nationales, qui n’ont jamais fait l’objet d’une édition et qui sont aujourd’hui bien souvent oubliées. Ont ainsi été déterrées et ramenées à la vie des bandes analogiques de musiciens légendaires comme Sarah Vaughan, Bill Evans, Duke Ellington, Dave Brubeck, Thelonious Monk ou encore Oscar Peterson. Quant à cet album en particulier, il est consacré au duo composé du guitariste Philip Catherine et du jeune bassiste / guitariste Nicolas Fiszman (17 ans à l’époque).

Le 13 juin 1982, alors que le « Berliner Mauer » coupait toujours physiquement la ville en deux, les deux musiciens traversèrent Checkpoint Charlie pour donner un concert à l’Est dans un petit théâtre historique de la place Rosa-Luxemburg : la Volksbühne. « J’avais l’impression de vivre un film d’espionnage en noir et blanc » dira plus tard Nicolas Fiszman en se souvenant de cette journée. Pour compenser l’ambiance étrange de ce lieu austère, les deux musiciens se sont lancés dans un programme de musique enjouée, censée alléger l’atmosphère et distraire un public dont les inclinations musicales restaient probablement pour eux une énigme. Mais la musique est sans frontière : les thèmes apaisants de « Janet », « End of August » et « September Start » ou rayonnants de « Babel » et « Petit Nicolas – Grand Nicolas » qui, tous, donnent naissance à de splendides solos, sont aptes à séduire quiconque possède une once de sensibilité. Et les applaudissements ont fusé de la part d’un public conquis. Le son des guitares est naturel, donnant une impression que le concert est joué en acoustique et en plein air. Quant à la restauration, c’est du travail d’orfèvre, la musique du tandem étant ressuscitée avec un relief étonnant si l’on considère la date et l’origine des bandes.

Pierre Dulieu