Stadlander : Stadlander
D’où sortent-ils, ces quatre jeunes jazzeux ? Voici « Stadlander », c’est le nom du quartett, emmené par le pianiste gantois Stijn Engels (Bruno Van Der Haegen au ténor, Kris Auman à la contrebasse et Stijn Demuynck aux drums), et c’est une belle surprise. En fait, on a croisé les uns aux côtés de Andy Declerck ou Michel Mast et Dijf Sanders (l’excellent « Imagine Raymond »), et les autres chez Endlingr ou Boris Schmidt… Et le moins qu’on puisse dire, c’est que Stadlander prend un peu le contrepied des productions jazz actuelles. Non qu’il sorte totalement des sentiers battus (c’est un jazz qui se base plutôt sur la tradition) mais il évite l’ornière des tendances habituelles (les Brad Mehldau, Aaron Parks, Vijay Iyer… contre qui je n’ai rien, rassurez-vous). Est-ce à cause du phrasé de Engels ou de ses compositions (lyriques, mélodiques et qui n’hésitent pas à se parfumer de blues et de soul), ou bien les arrangements confectionnés avec beaucoup de personnalité, ou encore parce que le tout est joué avec grande cohésion et créativité par le groupe ? C’est un jazz qui ne se prend pas la tête mais joue les surprises. « Housewarming / Supermaan » se développe à la manière d’un Art Pepper avant de dévier vers une atmosphère mystérieuse. Ailleurs (sur « Inspired by Maria ») le quartett fait évoluer les couleurs au gré des idées, plus loin, il se recueille sur le bien nommé « Melancholia ». La rythmique reste alerte, attentive et souple, entretenant en permanence un léger swing. Tandis que le piano prend régulièrement d’étonnantes libertés, le sax ondule et se faufile, proposant, lui aussi, de beaux solos (entre Shorter ou Getz), sur « Julia », par exemple. Un disque plein de fraîcheur à découvrir et un quartet à suivre.