Greg Lamy & Flavio Boltro : Letting Go
Si on se laissait aller à un peu de douceur ? Si on se laissait porter par le flot d’un cours d’eau apaisé ? C’est le sentiment qui domine à l’écoute du dernier album du guitariste luxembourgeois Greg Lamy qui partage équitablement la vedette avec le trompettiste italien Flavio Boltro. « Letting Go » porte bien son titre, car tout semble ici couler de source. Soutenus pas une section rythmique fidèle et bien rodée (Gautier Laurent à la contrebasse et Jean-Marc Robin à la batterie), Greg et Flavio peuvent développer en toute sérénité leur lyrisme teinté d’un groove presque indolent. Le son de la guitare, tout comme celui de la trompette, est clair et lumineux, soyeux et charnu à la fois. L’entente est parfaite et l’on se partage les solos sur des thèmes légèrement bluesy ou parfois discrètement folk (comme sur « My Dearest part 2 », dont on a entendu la première partie dans « Observe the Silence », album sur lequel on est passé peut-être un peu trop vite). Le plaisir d’échanger et ce sens de l’amitié sont palpables. Il suffit d’écouter « Let’s Fly » où la pureté de la trompette fusionne admirablement bien avec le phrasé moelleux – souvent avec une légère réverb – de la guitare. Écoutez aussi « Onirica » qui laisse de beaux espaces à la contrebasse. Prêtez une oreille attentive aux échanges joyeux sur « Coccinelle » ou sur « Enfin ». Et puis laissez-vous surprendre par cette trompette qui murmure sur le sensible « Daddy & Daughter ». Bref, laissez-vous aller. « Letting Go » est un condensé de jazz de très bon goût qui convoque aussi bien le courant actuel que celui de ses aînés. À siroter sans modération.