Inger Hannisdal : Free Folk
Au début de cette année, nous vous présentions le premier album d’Inger Hannisdal. Aux côtés de l’accordéoniste Frode Haltli et du saxophoniste marocain Khalid Laaouam, elle tentait de tracer un trait d’union entre musiques populaires et folkloriques norvégiennes, s’appuyant sur une rythmique discrète. Ce deuxième album la voit évoluer seule, entièrement seule. Le titre du disque, ramené à sa plus simple expression, dévoile son contenu avant même que nous l’ayons entrouvert. Celui-ci se présente à la façon d’un petit recueil alignant huit courtes compositions (le disque dure moins d’une demi-heure) libres et libérées. La violoniste originaire d’Oslo pousse son instrument dans ses recoins les plus intimes, dans ses retranchements les plus fortuits. Jouant et se jouant des cordes, de la table et du manche, elle en extrait la résonance la plus pure, et ce sans recourir au moindre effet sonore ajouté. À bien les écouter, ces morceaux apparaissent dans une sorte d’intimité simple, parfois bancale, voire inhospitalière, dont la nudité est souvent à fleur d’oreille. On sent bien qu’Inger n’a pas cherché à polir ou à chérir les sons qu’elle fait jaillir de son violon. Et cette façon de jouer la rend peut-être plus proche encore de l’auditeur attentif. Il ne faut pas voir dans « Free Folk » un disque d’anthologie de folk norvégien, ni d’ailleurs de folk tout court. Il est avant tout question ici d’un voyage. Un voyage au centre d’un instrument. Ses arcanes, ses conduits, ses jointures. Et c’est assurément un palpitant voyage.