Iva Bedlam & Esmerine au Hangar (Liège 07/09/23)
Quand Phil Maggi nous a fait part de son nouveau projet Iva Bedlam, nous avons instinctivement songé à une formation qui le verrait dorénavant évoluer aux côtés de musiciennes. Il n’en est rien. Je ne sais pour quelle raison ce nom d’Iva Bedlam continue à susciter en moi l’idée d’un collectif alors que Maggi demeure seul et unique. Il n’empêche, il y a comme des figurants, des fantômes, des êtres fantasmagoriques, qui se tiennent à ses côtés. En cette chaude soirée de septembre, Phil se la joue faux crooner, donne à sa musique des élans trip-hop minimalistes, anarythmiques, analytiques. Des fragments de ritournelles brisées. Un beat obsessionnel construit avec des samples d’éclats de voix usagée. Un huis clos bergmanien, parfois proche de la claustrophobie ou de la phobie tout court. Iva Bedlam incarne peut-être l’idée d’un chahut maîtrisé, d’un chaos dompté. Une fois de plus, Maggi est magique et transfigure son propos.
Avec Esmerine, on se prend moins la tête, on voyage plus au sud. Les Balkans, la Turquie, le Château de Monthelon en Bourgogne. Une musique cinétique, cinématographique. Sur scène, les quatre personnages de ce conte sonore en perpétuel mouvement s’adonnent et se donnent à leur instrument, corps et âme. À les regarder de plus près, ils ressemblent aux musiciens du Steve Reich Ensemble des années septante. Même bonhomie, même concentration dans le jeu. Les percussions sont multiples et omniprésentes. Les instruments, dont certains sont d’origine orientale, foisonnent. De manière plus anecdotique s’y joignent des coassements de grenouille, des stridulations de criquet. Beckie Foon n’est pas (plus… ?) de la partie ce soir, remplacée au pied levé par une autre violoncelliste dont je ne remémore plus le nom. Entre élégies et effusions rythmiques, il y a chez Esmerine quelque chose qui tient du workshop universel, de la réunion d’équipe porteuse, prometteuse. On doit à Honest House l’initiative de nous y avoir conviés.