Eclectic Maybe Band : Bars Without Measures

Eclectic Maybe Band : Bars Without Measures

Discus

Trente ! Trente est le nombre de musiciens invités /collaborateurs qui ont participé à l’élaboration du quatrième album du groupe / projet du bassiste bruxellois Guy Segers. Brièvement, je vous rappelle qu’il a fait partie du mythique Univers Zero, du groupe français Art Zoyd ou des très efficaces X-Legged Sally. Mais il y a tellement d’autres aventures à nommer, notamment celle du label Carbon 7 ! Parmi les musiciens figurant sur ce nouveau CD, on retrouve le trio des débuts à savoir la pianiste Catherine Smet, le guitariste Michel Delville et le batteur Dirk Wachtelaer. Je sais que Guy Segers insiste sur le fait que chaque intervenant est un pion essentiel dans l’exécution des morceaux, mais il ne m’est pas possible de les nommer tous. Cependant, comment faire l’impasse sur certains noms : Julie Tippetts (Driscoll avant son mariage avec Keith) Dani Klein (Vaya Con Dios) et Sibel Dinçer au chant, Martin Archer (musicien proche de Julie Tippetts) au sax, Dirk Descheemaeker à la clarinette basse ou Pierre Vervloesem à la guitare et au mastering. Je citerai aussi deux remarquables et puissants batteurs : l’américain Sean Rickman (George Duke, Steve Coleman, Meshell Ndegeocello…) et notre compatriote Fabrice Owerzarzak qui joue souvent avec le claviériste Andy Kirk également, présent ici sur deux titres. Beaucoup de cuivres, de cordes, de claviers, de guitares, d’excellents instrumentistes se produisent au sein des onze morceaux (62 minutes) réunis par Guy qui, grâce à Internet, fixe l’assemblage de sons qui lui parviennent de par le monde et qui deviennent la composition. Et il excelle dans cet art du « cut-up ». Parfois, il invite des musiciens pour une journée d’improvisation collective en studio et cinq de ces résultats sont publiés ici.

Si le premier morceau « Casanova » m’a évoqué Soft Machine certainement grâce aux deux saxophonistes présents, l’ensemble de cette musique évolue dans une savante fusion de jazz, de progressif, de classique contemporain, d’avant-jazz rock, d’expérimental. Une musique « éclatée », intransigeante, versatile, curieuse qui requiert de l’attention, de l’écoute. On se prend au jeu de suivre un intervenant, mais rapidement un autre nous emmène sur sa sonorité, son rythme. Cet album est d’une richesse musicale jubilatoire et quand interviennent les chanteuses, c’est encore une autre forme expressive qui s’impose. Guy possède réellement le don de nous tenir intéressés, attentif aux bifurcations qui surgissent sans cesse dans ses compositions. Je les préfère toujours aux improvisations, mais c’est simplement une question de sensibilité, ou dû au fait d’être ou ne pas être musicien. En résumé, une musique passionnément « autre ». J’en profite pour vous inviter à lire ou à relire une interview de Guy Segers qui figure sur notre site. Elle vous éclairera davantage sur ce bassiste renommé et son univers musical. Je sais qu’il est déjà bien occupé sur le prochain album. D’ici là, décortiquez et abusez de celui-ci.

Retrouvez l’interview JazzMania de Guy Segers.

Claudy Jalet