Sylvie Courvoisier : Chimaera
Intarissable Sylvie Courvoisier. Hier en trio, demain en quartet. Demain en duo, hier en quintet. Aujourd’hui en sextet. Jamais à bout, jamais au bout. Elle remet toujours l’ouvrage sur le métier. La formule importe peu tant que résonnent les notes qu’elle fait jaillir de son piano. De celui-ci, elle ne s’ennuie jamais. Et d’elles nous ne nous lassons jamais. Car il y a dans son jeu quelque chose d’hypnotique, de mesmérique. Un jeu souple, ductile qui lui permet d’être autant à l’aise avec un Fred Frith, une Joëlle Léandre qu’avec un Mark Feldman ou un Evan Parker. Ce double nouvel album, signé sous son seul nom, la voit aux côtés de ses comparses rythmiques coutumiers que sont le bassiste Drew Gress et le batteur/vibraphoniste Kenny Wollesen. Deux trompettistes viennent compléter l’équipe. Et non des moindres : Wadada Leo Smith et Nate Wooley ! Enfin, c’est Christian Fennesz qui vient parfaire le tableau. Plus connu pour opérer au sein des scènes expérimentales, le guitariste et compositeur de musique électronique autrichien apporte ici une dimension tout à fait inédite. Malgré le fait qu’il soit le seul de la bande à ne pas pouvoir lire des partitions, ses interventions font mouche et s’imbriquent de manière admirable à l’ensemble. « Chimaera » fut initialement conçu pour le festival Sons d’Hiver à Paris, édition de 2021, et s’inspire de l’œuvre d’Odilon Redon. Les six compositions empruntent d’ailleurs à des titres de tableaux/estampes de Redon tels « Le pavot rouge », « Le sabot de Vénus », « La Chimère aux yeux verts » ou « Partout des prunelles flamboient ». Déclinées sur deux CD totalisant chacun 43 minutes, elles attestent de l’écriture plus que jamais alerte et inspirée de Sylvie Courvoisier.