Andreas Røysum Ensemble : Mysterier
Nous ne cessons de le marteler dans nos pages : la Norvège est une terre féconde en sons et en approches musicales, où parfois la frontière entre le folk et le jazz se fait perméable, ténue, où parfois la mélancolie la plus chavirante dispute des éclats inouïs de joie. Le clarinettiste Andreas Røysum, officiant également à la clarinette basse et à la flûte, emmène cet ensemble et en signe les compositions. Celles-ci s’inscrivent à la fois dans la grande tradition d’un jazz mélodique inspiré par un Albert Ayler ou un Don Cherry période milieu années soixante. Ce qui prédomine ici c’est le principe de l’ensemble. Jugez plutôt : une douzaine de musiciens/musiciennes se tiennent aux côtés d’Andreas. Un véritable orchestre comprenant des cuivres, des flûtes, des cordes, des percussions, des basses, des cloches et une vocaliste. En quelque sorte un aboutissement pour lui qui a débuté en duos (avec Mats Gustafsson ou Axel Dörner notamment) et en trios. Le disque s’ouvre sur la bien nommée « Øyvinds Odyssé », une composition fleuve qui avoisine les douze minutes où chacun et chacune est mis à contribution de manière prodigieuse pour atteindre un plateau, un unisson saisissant. Deux morceaux traditionnels sont également revisités sur l’album, dont le désarmant « Barbara Allen » qui le clôt. Cet emprunt à la tradition sied bien au personnage d’Andreas Røysum qui, à lui seul, habite la scène quand il l’investit, renvoyant à la fois à la figure de l’artiste centré sur sa pratique et à celle de l’individu ouvert vers les autres, incarnant la splendeur du terroir dont il est issu.