Cécile Broché : 3D@Paris
Le titre l’annonce sans ambages, il est question de Paris. Plus exactement d’un hommage à la Ville lumière, celle façonnée autant par l’empreinte du temps que par l’âme de ses poètes. La vingtaine de pièces alignées sur cet album sont autant de cartes postales sonores saluant la cité et ses habitants. Fragments de conversations captés en rue, sur le marché de Barbès, dans le métro ou dans une boulangerie, sirènes lointaines d’une camionnette du Samu, sonal SNCF dans le mythique hall de la Gare du Nord ou annonce à la Gare de Lyon … Tous ces sons ont valeur d’artéfacts, ils content et racontent la ville dans ce qu’elle a de plus quotidien et de plus immédiat. À ces enregistrements de terrain s’ajoutent les instruments : le violon électrique de Cécile Broché, le piano et les orgues électriques de Russ Lossing et la batterie et percussions de Satoshi Takeishi. Une musique qui se profile parfois comme la bande sonore d’un film dont la ville serait le seul protagoniste. À certains endroits, le jeu de Broché évoque de lointaines réminiscences du Steve Reich des années septante. À d’autres, le trio se joue de mélodies délestées de toute gravité, comme s’il s’appropriait la scène d’un petit club de Belleville au mitan de la nuit. Parfois encore, de singuliers interludes s’intercalent sans crier gare en laissant à l’auditeur le soin d’y déceler un lien providentiel. Ainsi ce « Guillotine’s Waltz » qui évoque la Conciergerie ou ce « Nouvel An Chinois » à Bastille lesté de rythmes sourds. Initialement conçu pour une performance live, ayant reçu l’appui technique du Centre Henri Pousseur, “3D@Paris” se matérialise ici dans un format édité qui lui sied parfaitement. Pas étonnant que nos amis de Jazz’halo ont retenu ce disque comme l’un des meilleurs de l’année écoulée.