Le dossier Intervalles du mois ‐ Janvier : George Clinton et le P-Funk #2
En partenariat avec la radio Equinoxe FM (105.0 à Liège et streaming), JazzMania vous proposera tous les mois un dossier musical spécifique. Chaque mois un thème, toujours sous le signe de la (re)découverte.
Le dossier est lourd, la matière est riche. Voici l’Histoire d’un petit coiffeur américain qui rêvait de fonder un groupe de doo-wop et qui finira par poser les bases de l’empire P-Funk. George Clinton : ses coups de génie, ses frasques… Retrouvez le premier épisode de ce feuilleton.
1. Parliament : Ride on (« Chocolate City ») ‐ Casablanca
« Ride on » de Parliament, un extrait de l’album « Chocolate City ». Nous sommes alors en 1975, date à laquelle nous reprenons le cours de notre feuilleton George Clinton et le P-Funk. Vous avez raté la première partie de ce feuilleton diffusé il y a un mois ? Rien de grave : vous pouvez très bien reprendre l’histoire en marche. Et donc « Chocolate City », le nom usuellement donné à la ville de Washington dont la population est majoritairement noire. L’album sort en mars 1975 et vous allez le voir, la machine P-funk « tourne à plein berzingue » sous la houlette du trio infernal Clinton, Bootsy & Worrell.
2. Funkadelic : Let’s Take It to the Stage (« Let’s Take It to the Stage ») ‐ Westbound
Pas le temps de souffler, à peine celle de l’arrivée d’une nouvelle lune et voici que Clinton enchaîne déjà avec un nouvel album de Funkadelic cette fois : « Let’s Take It to the Stage » avec sa pochette signée, comme d’habitude dorénavant, par Pedro Bell qui rend ici un hommage coloré au film de William Friedkin « l’Exorciste », sorti en salle deux ans plus tôt et encore fort présent dans l’imagination collective. Si vous avez prêté une oreille un peu attentive aux paroles de ce morceau, vous aurez sans doute noté au passage que dans cette chanson, Clinton s’en donne à cœur joie pour se moquer de ses collègues du funk – que dis-je, ses concurrents du funk – dont il détourne les noms. Par exemple, Kool & the Gang devient « Fool & the Gang ». Quant à James Brown, le Godfather, il se mue d’abord en « Godmother » et finit même plus tard en « Grandfather »… Clinton n’a plus de respect pour rien.
3. Parliament : Unfunky UFO (Mothership Connection ») ‐ Casablanca
On l’évoquait déjà lors du premier volet P-Funk, son imagination est un puit sans fond. Clinton enchaîne ainsi un troisième album lors de cette année faste, 1975. Et quel album ! Enregistré pour le compte de Parliament, selon le principe du ping-pong (un coup Parliament, un coup Funkadelic), voici « Mothership Connection », un album qui s’est écoulé rapidement à plus d’un million d’exemplaires.
4. Bootsy’s Rubber Band : Another Point of View (« Strechin’ Out in Bootsy’s Rubber Band ») ‐ Warner Bros
Que serait-il advenu du P-Funk et du succès planétaire rencontré par George Clinton sans l’aide précieuse de ses fidèles lieutenants ? S’il y en a bien un qui trépigne d’impatience à l’idée d’enregistrer un album solo, c’est bien Bootsy Collins, son bassiste. L’un de ceux qui, dans la galaxie Clinton, tirera le mieux son épingle du jeu. Bref, et avec plus que le consentement du boss, c’est sous le nom de Bootsy’s Rubber Band que Bootsy Collins publie son premier album, en août 1976.
5. Parliament : Gamin’ on Ya (« The Clones of Dr. Funkenstein ») ‐ Casablanca
Un peu à la façon de Bowie plus tôt avec Ziggy Stardust, George Clinton s’invente des personnages et des histoires. Après Starchild venu de l’Espace pour apporter sur Terre le bon funk, le P-Funk, voici venir l’auto-proclamé Docteur Funkenstein, un savant capable de soigner les maux de l’Humanité depuis son laboratoire. Pour les shows, on atteint la démesure puisqu’il n’hésite pas à faire atterrir sur scène, à grands frais, faut-il le dire, une soucoupe volante ! Mais seul, ce médecin fou n’y arrivera pas. Parliament encore, 1976, « The Clones of Doctor Funkenstein ».
6. Funkadelic : I’m Never Gonna Tell It (« Tales of Kidd Funkadelic ») ‐ Westbound
Ça va bientôt coincer, autant vous le dire. Clinton multiplie les fans mais aussi les ennemis. Pas toujours bien entouré, il commettra quelques gaffes qui lui coûteront très cher, lui dont l’objectif principal est – faut-il le préciser – de palper les dollars à grosses brassées. Un coup Parliament chez Casablanca Records, un coup Funkadelic chez Westbound Records. Revoici le tour de Funkadelic et de ses pochettes collages signées Pedro Bell. « Tales of Kidd Funkadelic » solde le compte restant dû contractuellement chez Westbound.
7. Fuzzy Haskins : Love’s Now Is Forever (« A Whole Nother Thang ») ‐ Westbound
Un vent de révolte souffle sur le P-funk. Fidèle parmi la garde rapprochée de Clinton depuis les débuts de Parliament, le choriste mais aussi le compositeur un peu négligé par Clinton, j’ai nommé Fuzzy Haskins, signe un deal à son tour avec Westbound qui publiera deux albums solo de Fuzzy, en 1976 et en 1978. Pour le premier « A Whole Nother Thang » on retrouve aux arrangements et aux instruments les mêmes musiciens qui forment Funkadelic et Parliament. Tous ? Non ! Il manque à l’appel George Clinton lui-même. « A Whole Nother Thang » est donc le premier album de P-Funk pour lequel George Clinton n’est pas impliqué.
8. Funkadelic : Osmosis Phase One (« Hardcore Jollies ») ‐ Warner Bros
En signant chez Warner Bros, George Clinton croit avoir atteint le graal. En fait, il a enregistré beaucoup de matière et laissé le moins bon pour clôturer son contrat chez Westbound. Il entame donc directement son job chez Warner – nous sommes toujours en 1976 – avec un album important dans la discographie de Funkadelic : « Hardcore Jollies ». Puis le groupe s’envole – c’est le cas de le dire – pour une tournée de la démesure. Clinton prétend à cette époque, lors d’une interview accordée au Los Angeles Times : « Nous avons un show qui peut rivaliser avec n’importe lequel des groupes blancs. On veut être les Beatles noirs ! ».
9. Bootsy’s Rubber Band : Ahh… The Name Is Bootsy, Baby (« Ahh… The Name Is Bootsy Baby ») ‐ Warner Bros
Nous voici en 1977. Les punks envahissent le Royaume-Uni tandis que les States se trémoussent aux sons du disco et du funk. Toujours produit par George Clinton en personne et toujours publié sous le nom Bootsy’s Rubber Band, voici le deuxième album solo de Bootsy Collins : « Ahh… The Name Is Bootsy, Baby ! ».
10. Eddie Hazel : California Dreamin’ (« Games, Dames and Guitar Thangs ») ‐ Warner Bros
Bootsy Collins, un des personnages importants du P-Funk. Mais il y a un autre nom qui revient – et s’en va – régulièrement. Celui du guitariste Eddie Hazel, un guitariste souvent confronté à des soucis de drogue, ce qui explique ses fréquents éloignements. Nous sommes toujours en 1977, Parliament a sorti un album live, « Live : P-Funk Earth Tour » et l’un ou l’autre membres originaux du groupe comme Fuzzy Haskins quittent le groupe. De son côté, Eddie Hazel enregistre son seul véritable album – d’autres suivront dans les années nonantes, à titre posthume – « Games, Dames and Guitar Thangs » avec cette reprise acrobatique du tube des Mamas and Papas : « California Dreamin’ ».
11. Fred Wesley & the Horny Horns : Four Play (« A Blow for Me, a Toot to You ») ‐ Atlantic
Nous avons encore tant de choses à raconter sur le P-Funk ! Le deuxième volet du feuilleton George Clinton – qui n’a pas dit son dernier mot – s’achève avec le tromboniste Fred Wesley. Il fait partie de la galaxie Parliament et consorts, comme d’autres, débauché chez James Brown, et il propose ici un album featuring son ami Maceo Parker. A noter que c’est l’épouse de Clinton elle-même qui a trouvé le nom de groupe de Fred Wesley.
La suite dans un mois !
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