Toine Thys Orlando : Betterlands

Toine Thys Orlando : Betterlands

Hypnote Records

Comme le héros de Virginia Woolf, Orlando, le projet du saxophoniste-clarinettiste Toine Thys se veut durer dans le temps. Non pas cinq cents ans, mais déjà un deuxième album donne le signe d’une continuité dont le premier volet a été encensé par la presse et a reçu l’Octave de la Musique à sa sortie. De la première mouture restent les deux musiciens français : Maxime Sanchez au piano et Florent Nisse dont la complicité est évidente (ils sont tous deux membres du quartet « Flash Pig » dont on vous parlera prochainement). Quant au batteur, l’excellentissime Teun Verbruggen a relayé Antoine Pierre. On connaît depuis longtemps les préoccupations sociétales de Toine Thys, son implication dans des projets pédagogiques en Afrique, son souci permanent pour un monde meilleur : « Betterlands », le titre de ce deuxième opus, en dit long sur ces questions, et quoi de plus beau que de créer une musique en harmonie avec ses sentiments. Sous la pulsion du piano et de la contrebasse, Toine Thys ouvre « Curandero » au sax-ténor, utilise des effets électro sur l’unisson avec le piano, avec une rythmique qui monte en tension, une entrée en matière très forte. Changement de climat avec la clarinette basse sur « Quartography » – on notera au passage les jeux de mots dans les titres – où le jeu de balais de Teun Verbruggen crée un univers sonore tout en finesse sur le solo de Maxime Sanchez. « Thurst Day » poursuit dans cette atmosphère éthérée et sereine, puis la baleine volante « Flying Whale » brille par un magnifique solo de Florent Nisse, qui se révèle aussi compositeur raffiné sur le titre énigmatique « En minder bat » où la musique du quartet nous emmène dans un univers poétique. « Happy Five » rappelle la connexion forte du saxophoniste avec l’Afrique, Teun Verbruggen y apportant un joyeux décor rythmique. « Explosive Breeders » et « Summer Body » forment la paire la plus explosive de l’album. « Betterlands » se compose d’une variété de couleurs et d’atmosphères que clôture le « Requiem » écrit par le pianiste, un morceau très orchestral. Plus encore que sur le premier volet, le son d’ensemble du quartet est une évidence, mêlant mélancolie et exaltation et créant un décor sonore unique.

Orlando le 13 mars au Théâtre Marni (Bruxelles) et le 23 mars à l’An Vert (Liège).

Nous avons des places à vous offrir pour le concert de Toine Thys / Orlando au Théâtre Marni.

Jean-Pierre Goffin